2 ans pour se conformer à la nouvelle réglementation
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Revalorisation du capital des banques et établissements financiers
Le Conseil de la monnaie et du crédit, qui agit en qualité d’autorité monétaire d’Algérie, a décidé de doubler le capital minimum requis pour les banques et les établissements financiers du pays. Cette décision a été prise, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, pour trois raisons : premièrement, «donner à la place bancaire et financière un signal fort en termes de renforcement de son assise financière et de sa stabilité», ensuite, conférer aux banques et établissements financiers une «capacité plus conséquente en matière d’intervention dans le financement de l’économie nationale», et enfin réviser la dernière loi sur le seuil minimum exigé aux banques, qui date d’une dizaine d’années.
Le seuil minimum passera de 10 milliards de dinars algériens (84,5 millions de dollars) à 20 milliards de dinars algériens (169 millions de dollars), tandis que le capital requis pour les établissements financiers passera de 3,5 milliards de DA (29,5 millions de dollars) à 6,5 milliards de DA (54,9 millions de dollars).
Ainsi donc, la Banque d’Algérie, par le biais d’une décision du Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) datée du 4 novembre dernier, semble vouloir mettre fin progressivement à la sous-capitalisation des banques privées. En effet, la mesure oblige les banques privées à porter leur capital minimum de 10 milliards de dinars à 20 milliards de dinars et les établissements financiers de 3,5 milliards de dinars à 6,5 milliards de dinars, a indiqué Mohamed Loukal, le gouverneur de la Banque d’Algérie, lors d’une réunion tenue, avec les dirigeants des banques. Ces dernières ont deux ans pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation.
Pour le gouverneur de la Banque d’Algérie, cet ajustement du capital minimum ne préjuge en rien de la solidité du système bancaire algérien, dans son ensemble, de ses capacités de résilience déjà éprouvées face aux chocs externes et de sa relative rentabilité. À noter que la décision ne touche pas les banques publiques, puisque ces dernières comptent un capital qui dépasse les 20 milliards de dinars. Le capital de la Banque publique, en l’occurrence la BNA, est de 150 milliards de dinars, à titre de comparaison.
Pour certains économistes, la question est de savoir quelles implications entraînent cette mesure sur l’activité de ces banques et sur la clientèle.
De plus, ceux-ci soulignent aussi que l’apport en capital s’effectuera à partir des fonds propres de ces banques pour celles en majorité qui disposent de réserves qui peuvent faire face à cette augmentation de 10 milliards de dinars de leur capital. Pour celles dont les fonds propres sont insuffisants, elles recourront à un apport en cash en devises de leur maison-mère.
Il faut se rappeler que lors de l’augmentation du capital de ces banques fin décembre 2008, ce renforcement des fonds propres s’est effectué grâce à l’apport en cash en devises, apporté par la maison-mère. «Les banques privées pour la plupart ont suffisamment gagné d’argent, et constitué d’importantes réserves», commente un ancien banquier. Cet argent va être destiné en partie à cette augmentation du capital, dans la majorité des cas. En somme, la mesure a pour finalité de renforcer la solidité du système bancaire. Cette augmentation du capital va permettre, en outre, à ces banques, de disposer en principe d’une capacité plus importante de financer les investissements, et donc, de pouvoir octroyer plus de crédits d’investissement et à des montants plus importants aux entreprises, eu égard aux ratios de risque bancaire. Cela entre dans la politique des autorités financières, à savoir orienter les banques privées vers le financement de l’investissement productif. Les pouvoirs publics reprochaient justement à ces banques de financer essentiellement le commerce extérieur. Ce qui a conduit ces banques à réajuster leur politique de crédit ces dernières années. Mais leur sous-capitalisation les empêchait d’aller plus loin dans le financement des investissements.
D’autres économistes précisent aussi que cette décision pourrait entraîner la disparition de banques comme ce fut le cas auparavant avec Rayan Bank et Arco Bank. La banque britannique HSBC, qui aurait exprimé, selon certaines sources, son intention de quitter le pays, va-t-elle acter son départ à la faveur de cette augmentation de capital ?
À noter que le système bancaire algérien compte 5 banques publiques, 3 succursales et 14 filiales de banques étrangères, ainsi qu’une banque à capitaux mixtes. Les trois succursales de banques internationales sont Citi Bank, HSBC et Arab Bank PLC. Les filiales sont BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Natixis Algérie, Arab Banking Corporation, Housing Bank Trade and Finances, Fransabank El-Djazaïr, Gulf Bank Algeria, Al-Salam Bank et Trust.