51ᵉ session de l’IMFC : l’Algerie appelle à préserver le multilatéralisme

Lors de la 51ᵉ session du Comité monétaire et financier international (IMFC), Salah-Eddine Taleb, Gouverneur de la Banque d’Algérie, s’exprimant au nom de l’Algérie, du Ghana, de l’Iran, de la Libye, du Maroc, du Pakistan et de la Tunisie, a dressé un constat préoccupant de l’état de l’économie mondiale, marquée par une profonde mutation et une montée des incertitudes.
Taleb a déploré l’érosion du multilatéralisme commercial, conséquence des restrictions commerciales massives et des mesures de rétorsion imposées par les principales économies mondiales. Ce démantèlement accéléré du système commercial fondé sur des règles met en péril les avancées enregistrées vers une désinflation maîtrisée et compromet la stabilité économique globale. « Il n’existe aucun gagnant dans cette guerre commerciale en cours », a-t-il averti, soulignant l’aggravation des clivages géoéconomiques et géopolitiques.
Dans ce contexte incertain, le Gouverneur de la Banque d’Algérie a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à demeurer un ardent défenseur du libre-échange et du multilatéralisme. Il a également attiré l’attention sur la volatilité accrue des marchés financiers et la perte de confiance dans certains actifs traditionnellement considérés comme refuges, conséquences directes de cette crise commerciale.
S’agissant des répercussions régionales, M. Taleb a précisé que les pays de la région MENA, qu’ils soient exportateurs ou importateurs de pétrole, ressentiront l’impact de la baisse de la demande extérieure et du durcissement des conditions financières mondiales. Il a insisté sur la nécessité, pour les exportateurs, d’ajuster leur modèle économique face à des revenus hydrocarbures moindres, en poursuivant les réformes fiscales et la diversification économique. Pour les importateurs, il a souligné l’importance de maintenir les efforts de consolidation budgétaire malgré le répit temporaire offert par la baisse des prix pétroliers.
Abordant la question de la dette des économies émergentes et des pays à faible revenu, Salah-Eddine Taleb a plaidé pour un renforcement des mécanismes d’allégement et de restructuration de la dette, à travers notamment la Table ronde mondiale sur la dette souveraine et l’approche en trois piliers du FMI et de la Banque mondiale. Il a alerté sur les retards accumulés dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et sur les risques dramatiques liés au recul de l’aide publique au développement.
Dans son intervention, M. Taleb a également salué les efforts du FMI pour intégrer dans ses analyses les enjeux liés au changement climatique, à l’égalité de genre, à une répartition équitable des revenus et au développement des compétences. Il a encouragé le Fonds à poursuivre son engagement dans ces domaines.
Enfin, il a réaffirmé l’attachement des pays de sa circonscription à un FMI fort, doté de ressources adéquates grâce à l’augmentation des quotes-parts dans le cadre de la 16ᵉ Revue générale, et a appelé à un traitement équitable et représentatif de l’ensemble des membres dans les travaux préparatoires de la 17ᵉ Revue générale des quotes-parts.