Abderrahmane Hadef : L’Algérie a besoin d’un nouveau paradigme pour enclencher son émergence économique

Pour prétendre à une véritable émergence économique, l’Algérie doit impérativement rompre avec son modèle actuel, encore largement tributaire de la rente. C’est en tout cas ce que souligne l’expert en économie Abderrahmane Hadef, qui plaide pour un changement profond de paradigme, articulé autour d’une vision stratégique, d’une cohérence dans l’action publique et d’une mise en œuvre efficace.
Selon lui, l’Algérie ne pourra réussir sa transformation qu’en adoptant un nouveau modèle de croissance, résilient et inclusif, capable de générer de la valeur ajoutée, d’encourager l’innovation et de renforcer la diversification économique, tant au niveau de la production que des exportations.
Trois piliers fondamentaux doivent soutenir cette démarche : une vision claire de long terme, une synergie entre les politiques sectorielles, et une exécution intelligente. Il ne s’agit plus seulement d’améliorer les indicateurs macroéconomiques, mais de construire une économie compétitive, apte à s’intégrer pleinement aux chaînes de valeur mondiales.
Parmi les secteurs prioritaires identifiés par l’expert figure d’abord l’agriculture, qui doit évoluer vers un modèle plus productif et structuré pour atteindre au moins 20 % du PIB. Cela implique une meilleure gestion des ressources hydriques, l’intégration des technologies agricoles (agritech) et l’industrialisation des filières agroalimentaires, notamment les céréales, le lait en poudre et la viande rouge.
Le deuxième levier est l’industrie, qui doit représenter 15 % du PIB à travers le développement d’une base manufacturière solide, tournée vers l’export et intégrée aux marchés régionaux. Abderrahmane Hadef met en avant les filières de l’électronique, de l’électrique, de la transformation minière (sidérurgie, engrais) et des matériaux de construction.
Il cite également le rôle stratégique des énergies renouvelables, notamment le solaire et l’hydrogène vert, pour bâtir un écosystème intégré autour des compagnies énergétiques. Cet écosystème devrait couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur, de la fabrication des composants à la formation des compétences.
Enfin, l’économie numérique représente un levier essentiel de croissance et d’inclusion. Elle devrait, selon lui, contribuer à hauteur de 10 % du PIB, grâce à l’essor des startups, du commerce électronique, de la digitalisation des services et du développement des fintechs, de la data et des infrastructures technologiques.
Pour atteindre une croissance supérieure à 7 %, Abderrahmane Hadef appelle à une mobilisation collective, une capacité d’adaptation face aux évolutions globales et une action pragmatique des secteurs public et privé. À ses yeux, c’est par l’intelligence économique, l’innovation et l’efficacité opérationnelle que l’Algérie pourra relever le défi de l’émergence et s’imposer comme un acteur économique de premier plan.