Algérie numérique 2030 : une stratégie ambitieuse pour un virage digital inclusif et souverain

Dans une cérémonie placée sous le haut patronage du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la Haute Commissaire à la Numérisation, Meriem Benmouloud, a dévoilé aujourd’hui la stratégie nationale de transformation numérique de l’Algérie, baptisée « Pour une Algérie numérique 2030 ». Cet événement, qualifié d’historique, marque une étape décisive dans l’engagement de l’État à opérer un tournant digital global, inclusif et souverain d’ici à 2030.
Une volonté politique affirmée pour un projet d’envergure nationale
Dans son allocution, Mme Benmouloud a souligné l’importance que le Président de la République accorde au dossier de la numérisation, qu’il suit personnellement. Cette volonté politique s’est concrétisée par la création du Haut Commissariat à la Numérisation, qui est une institution placée sous l’autorité directe de la Présidence, chargée de piloter et de coordonner les projets stratégiques de transformation numérique dans le pays.
La stratégie dévoilée se veut un référentiel national structurant, fruit d’une concertation élargie avec l’ensemble des secteurs ministériels, des experts, des opérateurs économiques et des acteurs du numérique. Elle repose sur une vision ambitieuse : améliorer le bien-être des citoyens et des entreprises, tout en contribuant au développement économique et social du pays.
Des infrastructures numériques robustes comme socle du changement
Le premier axe de cette stratégie porte sur le renforcement des infrastructures de base, à travers deux volets essentiels : le développement de réseaux de communication haut débit pour tous et la mise en place de centres de données aux normes internationales. Dans ce cadre, le Haut Commissariat œuvre à la création du Centre National Algérien des Services Numériques, incluant deux data centers nationaux, des services de cloud computing et la généralisation du nom de domaine national (.dz). L’État a également investi dans la construction du réseau souverain sécurisé IRIES pour garantir l’indépendance technologique du pays.
Former les talents pour bâtir un écosystème numérique durable
Le deuxième pilier stratégique concerne le capital humain, élément clé du succès de toute transformation numérique. Ce volet vise à former des spécialistes dans les technologies de l’information, à soutenir la recherche et à créer un environnement propice à l’innovation. Les secteurs de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle sont mobilisés pour développer une main-d’œuvre qualifiée, réduire la fuite des cerveaux et favoriser la rétention des compétences au niveau national.
La gouvernance numérique au cœur de la modernisation de l’État
Le troisième axe est dédié à la gouvernance numérique. Il s’agit de moderniser l’administration publique pour la rendre plus efficace, transparente et centrée sur le citoyen. À ce titre, plusieurs projets ont déjà vu le jour, comme la plateforme nationale d’interopérabilité, le référentiel national de gouvernance des données et le cadre juridique afférent. Une plateforme nationale unifiée de services numériques est également en cours de finalisation, garantissant un identifiant numérique unique pour chaque citoyen et chaque entreprise.
Stimuler un écosystème économique créateur de richesse
La dimension économique occupe une place centrale dans la stratégie, avec un quatrième axe consacré à l’économie numérique. Celui-ci vise à accélérer la transformation digitale des entreprises, à réduire l’usage du cash, à promouvoir l’inclusion financière et à encourager l’utilisation des solutions numériques dans les PME. Il comprend également le développement d’une filière industrielle numérique nationale basée sur l’entrepreneuriat, l’innovation et la création de start-ups capables de répondre aux besoins locaux , et de conquérir les marchés internationaux. L’attractivité du pays pour les investissements étrangers dans les technologies numériques figure également parmi les priorités.
Vers une société numérique inclusive et citoyenne
Enfin, la stratégie intègre un cinquième axe dédié au développement d’une société numérique inclusive. Elle cherche à garantir un accès équitable aux technologies et aux services numériques pour tous, à encourager la participation citoyenne dans la vie publique à travers les outils digitaux, et à promouvoir un contenu numérique national reflétant l’identité culturelle et les valeurs de la société algérienne.
Une vision claire, des objectifs mesurables et un calendrier défini
L’ensemble des cinq axes se décline en 25 objectifs stratégiques à atteindre entre 2025 et 2030. Ces objectifs poursuivent des valeurs fondamentales : transparence, équité, efficacité, justice sociale, croissance économique et développement durable. Deux piliers viennent soutenir cette feuille de route : un cadre juridique solide, en cours de finalisation avec la participation de tous les acteurs, et une stratégie nationale de cybersécurité (2025-2029), adoptée par le Conseil national de sécurité des systèmes d’information.
En conclusion, Meriem Benmouloud a rappelé que la stratégie nationale de transformation numérique est le fruit d’une réflexion approfondie et d’une large concertation. Elle constitue un outil clé pour bâtir une Algérie moderne, connectée, inclusive et souveraine. Sa mise en œuvre reposera sur des plans d’action sectoriels, validés pour la période 2025-2026, qui marqueront le début effectif de ce chantier d’envergure nationale.