Aperçu général sur la filière

Par Tiziri Boulaiche et Zineb Deradera
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l’industrie agroalimentaire est l’un des principaux moteurs du retour à la croissance en Algérie. Il s’agit de la deuxième industrie après celle de l’énergie. Ce moteur constitue un élément important du tissu industriel national et cela à travers le rôle important qu’il joue dans l’économie du pays, ainsi que sa contribution d’une façon efficace et durable dans l’amélioration du PIB (Produit intérieur brut) et dans la résorption du chômage en pleine expansion. En effet, l’industrie agroalimentaire (IAA) de l’Algérie est confrontée à plusieurs défis majeurs parmi lesquels il convient de citer l’accroissement de la population (40 millions d’habitants), l’urbanisation et les nouvelles attentes des consommateurs. L’objectif principal de leur développement était de nourrir la population et assurer la sécurité alimentaire durable du pays. Notre objectif dans ce chapitre est de déterminer la place de l’industrie agroalimentaire en Algérie. Nous présenterons d’abord l’IAA en Algérie, puis son poids dans l’économie nationale et le commerce extérieur et, enfin, nous examinons comment l’IAA a contribué à la sécurité alimentaire. Dans le cadre de cette section, nous donnerons un aperçu de l’industrie agroalimentaire en Algérie. D’abord, nous présenterons le secteur agroalimentaire en Algérie, puis nous identifions ses branches et leurs caractéristiques et, enfin, les perspectives et les contraintes qui y sont liées.
Présentation du secteur agroalimentaire en Algérie
Les industries agroalimentaires en Algérie connaissent un développement remarquable depuis 15 ans et les perspectives de croissance sont encore plus importantes pour le futur, compte tenu de l’importance de la demande algérienne et des possibilités d’exportation dans certains secteurs. Aux yeux du gouvernement, les IAA ont une grande importance dont il assure la subsistance de 40 millions d’habitants et garantir la sécurité alimentaire, et du fait du rôle important qu’il joue dans l’économie nationale. Ainsi, il contribue d’une façon efficace et durable à l’amélioration du PIB (Produit intérieur brut), à la fiscalité et à la résorption du chômage en pleine expansion ces dernières années. À cet effet, une attention particulière fut accordée à son développement par les pouvoirs à travers, notamment, l’adoption et la mise en application au cours de ces dix dernières années de différentes politiques et stratégies : la politique de renouveau agricole et rural pour la période 2008-2025 dont la priorité était l’augmentation de la production des produits de première nécessité dans le secteur agroalimentaire, l’accroissement des rendements, ainsi que le plan de développement des industries agroalimentaires lancé en 2010. Ce plan est basé sur le renforcement des capacités humaines et l’assistance technique aux producteurs afin d’encourager les filières prioritaires et développer les zones difficiles comme les montagnes, les steppes et le Sahara. Le plan quinquennal 2015-2019 assure la continuité puisqu’il propose d’augmenter les surfaces irriguées d’un million d’hectares supplémentaires, d’encourager l’oléiculture à travers l’augmentation de la surface plantée en olivier jusqu’à atteindre un million d’hectares, de même qu’il préconise le développement des infrastructures de régulation qui sont les chambres froides et les silos. Ces dernières visent à repositionner le rôle moteur de ce secteur dans la sphère économique du pays par une meilleure intégration en amont et en aval de ces activités et par une amélioration qualitative et quantitative de sa compétitivité face à une concurrence de plus en plus rude, aussi pour favoriser le développement de la production dans les secteurs fortement déficitaires (céréales, lait, viandes, boissons, fruits, légumes, huiles et corps gras) et favoriser la transformation et réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger, en veillant à ce que le marché intérieur soit suffisamment approvisionné et à des prix acceptables. Sur le plan intérieur, le secteur agroalimentaire prend une place importante dans l’économie nationale, car il emploie 1,6 million de personnes, soit 16 % de la population active, et contribue au taux de 47,68 % à la production brut et 38,4 % à la valeur ajoutée. Il contribue également à 28 % du chiffre d’affaires des industries algériennes hors hydrocarbures réalisé au cours de l’année 2018, ce qui fait de l’industrie agroalimentaire de l’Algérie la deuxième industrie du pays après celle de l’énergie et l’un des vecteurs de la croissance économique du pays. Le secteur agroalimentaire algérien est dominé par le secteur privé, où la plupart des entreprises agroalimentaires activent dans ce secteur. Il est caractérisé par une grande diversité des filières d’activité : l’industrie laitière, l’industrie céréale, l’industrie des huiles et corps gras, l’industrie sucrière, ce qui explique la diversification des produits commercialisés par cette industrie. La distribution de ces produits s’effectue principalement à travers des supérettes ou des épiceries. L’une des caractéristiques structurelles de ces filières est qu’elles sont faiblement intégrées, particulièrement en amont. Les intrants utilisés par les entreprises agroalimentaires sont constitués principalement des matières premières importées. En effet, malgré le développement remarquable du secteur agroalimentaire, l’Algérie reste le premier importateur africain de denrées alimentaires.
Avec 75 % de ses besoins assurés par les importations, l’insuffisance de la production agricole algérienne, couplée à une demande massive et croissante de produits agroalimentaires, fait de l’Algérie un pays structurellement importateur. Il y a bien d’autres raisons à cette situation : sous exploitation du potentiel du secteur, faible taux d’intégration de l’industrie de transformation, carence d’initiatives entrepreneuriales et faiblesses de capacités managériales. De même, les exportations de secteur agroalimentaire en Algérie continuent de souffrir d’une pénurie de produits et d’un manque d’expérience des opérations d’exportation.
À ces restrictions s’ajoute la concurrence étrangère qui frappe de pleines forces sur le marché intérieur international, dont les produits de nos entreprises agroalimentaires ne peuvent pas suivre la concurrence en raison d’un manque de compétitivité en matière de prix / qualité, de moyens, de capacité de production et d’innovation.
L’industrie céréalière
L’Algérie est l’un des plus grands pays consommateurs de céréales au monde. On évalue la consommation humaine moyenne à plus de 200 kg de céréales par an et par habitant (9 Mt par an, toutes céréales confondues). Cette demande n’est couverte en moyenne qu’à 30 % par la production locale. La valeur de la production de cette filière en Algérie représentait 7,5 % de la production agricole globale du pays, offrant plus de 1,2 million de postes de travail auxquels s’ajoutent les postes d’emploi au sein des entreprises activant dans l’industrie manufacturière primaire (minoteries de céréales et de farine) et secondaire (confiserie et de pâtes alimentaires). Ainsi, plus de 600 exploitations agricoles activent dans la production céréalière sur une superficie de 3,5 millions d’hectares, soit 41 % de la superficie agricole utile, mais la production céréalière demeure « relativement timide » ne dépassant pas 41 millions de quintaux durant la période 2013-2018. Ce volume de production dans cette filière « ne suffit pas pour couvrir les besoins de consommation en la matière, ce qui nous pousse à recourir à l’importation, notamment du blé tendre, par quantités considérables et de manière croissante. La facture d’importation des céréales ne cesse de croître. L’importation du blé (dur et tendre) représente 65 % des importations des céréales et le blé tendre représente 70 % de l’importation du blé. En 2018, on a importé 8 millions de tonnes de blé (dur et tendre) avec une facture de 1,92 milliard de dollars, dont 7,9 millions de tonnes de blé tendre avec une valeur de 1,48 milliard de dollars.