
Par Zahir Radji
Le président de l’Association nationale des opérateurs économique algérien (ANOEA), Ismaïl Naâmane a salué hier à Alger la nouvelle vision économique affichée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune pour la relance de l’économie nationale. Une stratégie salutaire qui nécessitera un changement profond sur le plan des mentalités, dira –t-il, lors de son passage à une émission de télévision web d’ «El Wassat».
La lenteur bureaucratique continue de peser lourdement sur la vie économique de notre pays, affirme-t-il, en illustrant ses propos par les déclarations et le constat établi par le président Tebboune. Des centaines de projets d’investissement sont à l’arrêt pour des motifs purement administratifs. C’est inadmissible, déplore Ismaïl Naâmane, en appelant les pouvoirs publics à plus de persévérance et de rigueur dans l’application de la loi.
«Nous devons impérativement changer de mentalités notamment au niveau de l’administration économique. Le chef de l’Etat est appelé à être plus tranchant dans ses décisions», a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Notre économie est en situation de réanimation et notre production locale n’a pas atteint encore le niveau escompté, du fait qu’entre 90 à 100% de la matière première est importée. L’exportation de produits finis dont la matière première est subventionnée n’est pas profitable pour notre économie».
Le président de l’ANOEA a, en outre, appelé à l’ouverture du marché national à la concurrence, à travers la libération des importations. C’est à travers cette démarche que les producteurs locaux vont consentir des efforts pour l’amélioration de leur compétitivité (qualité et prix). Une fois cette bataille est gagnée en local, le produit «made in algeria» pourrait désormais s’imposer dans des marchés à l’international, explique-t-il.
Les mesures de sauvegarde instaurées par le gouvernant, en imposant les droits additionnels provisoires de sauvegarde (DAPS) allant de 30 à 200% sur les produits importés ont impacté négativement sur le produit algérien et également sur la pouvoir d’achat des ménages.
En effet, des producteurs locaux ont saisi cette opportunité pour imposer leur dictat sur le marché, en procédant à l’augmentation des prix de leurs produits et la réapparition des situations de prédominance. «Ces mesures de sauvegarde ont été à l’origine de la hausse de plusieurs produits et également des pratiques douteuses dans le commerce extérieur. De pseudos importateurs occupaient le terrain», a-t-il déploré.
Outre ces conséquences de l’imposition de mesures de sauvegarde, l’intervenant a cité également des problèmes avec des pays, dont l’Algérie a signé des partenariats à l’instar de l’UE. D’ailleurs, l’Espagne un partenaire de longue date et suite aux mesures d’interdiction d’importation de la céramique avait menacé d’aller vers des arbitrages internationaux. Ainsi, l’Algérie à travers sa démarche de restrictions des importations risque de voir ses produits interdits dans certains pays, en appliquant le principe de la réciprocité.
En somme, l’amélioration de la production nationale est une condition sine qua non pour booster l’économie nationale. Et celle-ci ne pourrait y être sans l’ouverture du marché à concurrence loyale, résume-t-il.
Questionné par ailleurs sur l’apport des foires et des expositions dans l’amélioration du produit «made in bladi», le président de l’ANOEA déploré l’absence d’un suivi dans l’organisation de ce genre de rendez-vous. « L’Algérie a organisé et participé dans pas mal de foires, sans toutefois faire un bilan sur les réalisations et les objectifs fixés. Nous avons organisé un forum d’affaires avec des libyens ici en Algérie et une grande foire en Mauritanie, à Mali. Toutefois, à ce jour on ne sait pas si nous avons exporté des produits ou pas ! Enfin, et en évoquant l’investissement en Algérie, l’intervenant a appelé à l’amélioration du climat des affaires et l’instauration d’une stabilité juridique notamment en matière de lois encadrant les activités économiques. Il a également salué l’initiative du ministère du Commerce pour la création d’une cartographie de la production locale, en affirmant que cette dernière sera comme étant un moyen pour évaluer le marché algérien et connaitre sa vraie valeur.