
Le gouvernement a décidé enfin d’assainir le foncier agricole. L’ordonnance n°08-04 de 2008 relative à la concession des terrains relevant du domaine privé de l’Etat destinés à la réalisation des projets d’investissement fait l’objet d’un amendement. Cette décision du gouvernement vise notamment à mettre de l’ordre dans l’octroi des terres agricole.
D’ailleurs, le foncier agricole est la première contrainte et obstacle majeur du développement agricole dans notre pays, dira d’emblée, l’expert dans ce domaine, Laâla Boukhalfa. Notre interlocuteur a déploré au passage que l’Algérie qui est un pays agricole par excellence n’arrive pas toujours à garantir sa sécurité alimentaire.
Ceci est le résultat d’absence, explique-t-il d’un véritable suivi sur le terrain et dans l’opération d’octroi du foncier agricole. Depuis des années, c’est les «opportunistes» qui tirent profit de ces terrains du domaine de l’Etat, sans être exploités ! Il a, dans ce sens, indiqué que plusieurs lois ont été promulguées depuis l’annulation de la loi de la révolution agraire, mais la situation demeure «inchangée».
Et c’est des gens extra du secteur qui bénéficient de cette concession. « Depuis la l’annulation de la loi de la révolution agraire, plusieurs lois ont été promulguées, à l’instar de 18-83 relative à la loi de la propriété agricole publiée le 13 aout 1983. Trois ans plus tard, une autre loi n° 19-87 parue le 8 décembre 1987, régissant l’exploitation de ces agricoles, a été promulguée, suivie par les lois n°19- 87 de 1987 et celle de 1990, suivie de celle 1990. Malgré le contenu acceptable de ces lois, l’application et le suivi régulier font défaut», détaille Laâla Boukhalfa.
Idem pour l’ordonnance 19-08 parue le 1 Août 2008 censée définir les modalités de concession des terrains relevant du domaine de l’Etat. «Malheureusement, la plupart de ces terres ont été octroyées à des personnes qui n’ont aucun rapport avec l’agriculture. Les bénéficiaires ont ensuite loué, voire vendu ces concessions à d’autres exploitants, sous couvert d’un contrat dénommé contrat de partenariat. Ce contrat stipule que les bénéficiaires du titre de concession détiennent 1% et les nouveaux exploitants détiennent 99%, et cela est valable pour les exploitations agricoles individuelles et celles collectives», précise-t-il.
Cette situation d’anarchie est due, selon Laâla , à l’absence d’un suivi rigoureux sur le terrain, «si non comment on explique ces manipulations dans la distribution des terres agricole. « Nous espérons qu’avec cette nouvelle loi en préparation, l’agriculture en Algérie démarrera sur de bases solides», souhaite-t-il.
Pour notre interlocuteur, l’octroi du foncier agricole devrait se faire dorénavant selon le principe «la terre appartient à celui qui la cultive». En clair, l’Etat est appelé à assainir ce domaine, en accordant le foncier pour les véritables fellahs à l’effet de barrer la route aux opportunistes.
«Si nous apportons des corrections et d’éviter les erreurs du passé, on donnant les terres pour les gens qui le mérite, on aura certainement des résultats positives et encourageantes dans le proche avenir. Il faut tous simplement corriger les erreurs du passé», a-t-il dit.
En somme, l’octroi de terres agricoles doit être régi par un cahier des charges bien défini. «L’Algérie recèle toutes les potentialisé pour non seulement satisfaire les besoins nationaux en matière de produits agricoles, notamment en céréales. Nous pouvons facilement atteindre notre autosuffisance dans laps de temps et même devenir un exportateur, notamment de blé», souligne-t-il. Questionné sur l’intégration des jeunes dans le domaine agricole, l’expert Laâla Boukhalfa a laissé entendre que cette opération ne pourrait se faire qu’à travers des incitations et la préparation de petites parcelles entre 5 à 10 hectares (raccordées en électricité et eau, ouverture de pistes).
Par Zahir Radji