Bureaux de change: vers la fin du marché noir des devises ?

L’Algérie amorce un tournant décisif dans la régulation du marché des devises avec l’installation de bureaux de change officiels dans des points stratégiques. Une initiative attendue de longue date qui vise à encadrer les transactions monétaires et à proposer une alternative légale aux voyageurs, tout en réduisant l’emprise du marché noir.
Un dispositif opérationnel dans les hubs stratégiques
Le port et l’aéroport international d’Alger sont les premiers à bénéficier de cette réforme. Pas moins de huit bureaux de change (quatre dans chaque infrastructure) sont en cours d’installation et devraient être opérationnels dans les prochains jours. Lors d’une visite d’inspection le 30 janvier 2025, Mohamed Benbahane, vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, a confirmé la finalisation des travaux et souligné l’importance de ces espaces dans la lutte contre les circuits informels.
L’objectif est clair : offrir aux citoyens un service sécurisé, conforme à la réglementation, et progressivement détourner la demande du marché parallèle, où les taux de change, bien que plus attractifs, échappent à tout contrôle.
Un cadre réglementaire précis mais une allocation touristique jugée insuffisante
L’ouverture de ces bureaux s’appuie sur un arsenal juridique récemment renforcé. Le règlement n° 23-01, publié au Journal Officiel en octobre 2023, définit les conditions d’autorisation et d’exploitation de ces structures. En parallèle, le gouvernement a revu à la hausse l’allocation touristique, désormais fixée à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs. Une revalorisation qui, bien que saluée, reste jugée insuffisante face aux besoins réels des voyageurs.
Un pari risqué face à la puissance du marché informel
Si cette réforme marque une avancée, son succès dépendra de plusieurs facteurs : la compétitivité des taux proposés, la confiance des usagers et la facilité d’accès à ces nouveaux services. Or, si les bureaux de change appliquent des taux moins attractifs que ceux du marché noir, ils risquent de peiner à détourner une clientèle habituée aux circuits informels.
L’État joue donc une carte stratégique en tentant d’assainir un marché qui lui échappe depuis des décennies. Reste à voir si ces bureaux de change suffiront à freiner la spéculation monétaire ou s’ils ne seront qu’une alternative symbolique face à un marché parallèle bien ancré.