Déclin du dollar et instabilité mondiale : Lynda Bendjiane plaide pour une souveraineté monétaire de l’Algérie
Alors que les marchés financiers mondiaux affichent des signes de fragilité croissante, entre inflation persistante, resserrement monétaire et tensions géopolitiques, la place du dollar américain en tant que valeur refuge est de plus en plus remise en question. Une situation qui interpelle l’Algérie, dont l’économie demeure largement dépendante de ses revenus pétroliers et de ses réserves de change libellées en dollars. Face à ces risques systémiques, l’économiste Lynda Bendjiane appelle à une réorientation stratégique urgente de la politique économique et monétaire nationale.
« Le recul de la confiance dans le dollar s’explique par des politiques expansionnistes menées depuis la crise de 2008, ainsi que par son instrumentalisation dans des conflits géopolitiques », analyse Lynda Bendjiane, économiste et présidente du Bureau international des femmes d’affaires. Cette situation incite de nombreux pays à repenser leur position vis-à-vis du dollar, en favorisant la diversification de leurs réserves et en explorant des alternatives comme l’or, les cryptomonnaies ou encore les monnaies nationales dans les échanges bilatéraux.
Pour l’Algérie, cette évolution du contexte international représente une menace directe. En cas de dépréciation significative du billet vert, les réserves de change du pays, majoritairement constituées en dollars, perdraient de leur valeur réelle. S’ajoute à cela la vulnérabilité de l’économie nationale aux fluctuations des prix des hydrocarbures, dans un monde potentiellement confronté à une contraction de la demande énergétique.
Face à ce double défi, Lynda Bendjiane appelle à une stratégie proactive. Elle recommande d’abord une diversification progressive des réserves de change, avec une part plus importante accordée à des devises comme l’euro, le yuan chinois, et surtout à l’or, qui conserve son statut de valeur refuge. Elle préconise également de conclure des accords commerciaux bilatéraux libellés en monnaies locales, notamment avec des partenaires stratégiques comme la Chine, la Russie ou les pays africains, afin de réduire l’exposition au dollar. Enfin, elle insiste sur l’impératif de transformation structurelle de l’économie algérienne, par l’investissement dans les secteurs productifs – industrie, agriculture, services – en vue de bâtir un modèle plus autonome et durable.
« L’Algérie ne peut plus rester spectatrice face aux mutations profondes de l’économie mondiale. L’heure est à la souveraineté économique et monétaire », affirme Lynda Bendjiane. Pour l’experte, seule une vision stratégique à long terme permettra de renforcer la résilience du pays face à l’éventuel basculement de l’ordre financier international.
