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Des opérations commandos contre l’ennemi

Béjaïa : le 1er novembre 1954

Les moudjahidine ont réussi à infliger des pertes humaines à l’ennemi grâce à des opérations commandos effectuées en plein centre urbain, dans des places publiques, les cafés et restaurants. Ces actions meurtrières étaient l’un des critères pour que les moudjahidine soient acceptés à monter au maquis. Belaoud Abdelkader, membre du bureau de l’Organisation nationale des moudjahidine de Béjaïa, originaire de Toudja, raconte avec beaucoup d’émotion ses années de lutte contre le colonialisme français lors des différentes batailles qui ont eu lieu dans la Zone 3 de la vallée de la Soummam. Il énuméra certaines opérations effectuées avec ses compagnons d’armes en plein centre-ville de Béjaïa. Il souligna, à cet effet, que durant 1956 à 1962, les moudjahidine, qui combattaient

l’ennemi, ont également sensibilisé la population de la Soummam qui a marqué son engagement indéfectible et fidèle aux moudjahidine. Retraçant toutes les étapes de la Guerre d’Algérie qui a fait un million cinq cent mille martyrs, Belaoud dira : «En 1957, c’était l’année de la constitution des compagnies militaires de Régions. Nous avons engagé des actions dans la région 4 de la Soummam avec des fusils de chasse. Durant cette année, 120 éléments de la compagnie ont reçu leurs armes automatiques récupérées sur les parachutistes français. La ville de Béjaïa était la Zone autonome qui a épaulé celle d’Alger dans les opérations spectaculaires. La zone de Béjaïa a été créée par Mezzai Abdelkader, concepteur de commandos et décédé en 1959». Il poursuit : «J’ai participé à plusieurs batailles et la majorité des militaires de la Région 4 ont été armés lors des attaques contre le GMC français. Lors de la bataille du village Bouhatem à Toudja, notre groupe se composait de 11 éléments et nous avons tendu une embuscade à un convoi militaire français qui transportait également 11 soldats français chargés de faire des reportages et filmer les postes avancés pour remonter le moral de leurs troupes. C’étaient les services psychologiques avec leur propagande militaire. Cette attaque, planifiée par Zane Boualem, a eu lieu entre deux casernes. Nous avons tiré à bout sur le convoi ennemi à l’aide d’une pièce 24mm de Mat 49 avec un chargeur de 32 cartouches. Une fois le convoi immobilisé par les tirs de feu, nous l’avons pris d’assaut, sur les onze militaires ennemis, dix sont morts sur le coup, un seul a été blessé ; il s’agit d’un arabe mobilisé dans les troupes françaises. Ce dernier commençait à supplier «Je suis votre frère, ne me tuez pas» mais le combattant Mohamed Bouhi ne l’entendant pas de la même oreille lui demanda «Si tu es notre frère qu’est-ce que tu faisais avec l’ennemi. Tu es venu combattre tes frères, alors tu mérites la mort». Juste après ces jérémiades, il mettra fin à sa vie. Lors de cette opération, nous avons récupéré plusieurs armes. Le moudjahid Belaoud, qui a regagné la Révolution en janvier 1957 comme moussabel dans l’Organisation civile affectée à la Région 4, raconte la bataille de Bouchibane à Ifri Ouzellaguène, lieu où s’est tenu, en août 56, le congrès de la Soummam L’ennemi, ayant eu des échos sur notre présence dans ce village, a bouclé toutes les issues, les parachutistes étaient mobilisés avec des cordes pour nous attacher vivants, des hangars avaient été érigés pour nous interner. On n’avait aucun choix que d’affronter l’ennemi et mourir les armes à la main. Face à l’ennemi avec l’artillerie, l’aviation et les combattants à l’assaut, nous avons perdu beaucoup de nos djounoud, toutefois nous avons pu repousser l’ennemi de la population. Cette opération s’était traduite par la défaite de l’ennemi. Notre force résidait dans la volonté de faire face coûte que coûte aux embuscades meurtrières». En juin 1959, les forces de l’Otan dans « l’Opération jumelles» dans la Wilaya III ont fait 8 000 morts dans les rangs des moudjahidine, seuls 4 000 resteront vivants pour poursuivre la lutte. Belaoud dira encore : «Après le plan de Constantine qui consistait à une pacification, le colon voulait gagner l’estime des populations et commençait à augmenter leur ravitaillement. Notant que celles-ci consacraient la plus grande partie de cette nourriture pour les moudjahidine au détriment de leurs enfants. La bougie s’est rallumée de nouveau par des actions sur le terrain et en zone urbaine. Première cible, le café Rouget qui faisait office de bar qui est attaqué par le groupe de Hocine Allouache et qui a fait plusieurs morts dans les rangs de l’ennemi. Ensuite, c’était au tour d’une autre attaque menée par Ahcène Dehas sur la place publique du centre de Béjaïa où devait se tenir un meeting des militaires français pour fêter le 14 Juillet et où la population algérienne a refusé d’assister sur instructions des moudjahidine. Lors de cette opération, l’ennemi a connu une cinglante défaite avec un bilan lourd de morts. Il y avait aussi cette attaque d’un restaurant face à la caserne militaire des «Quatre Chemins» par une voiture conduite par un djoundi kamikaze

qui a coûté la vie à plusieurs soldats français». Les témoignages de Belaoud sont forts d’émotions et pourront tirer matière pour l’écriture de l’Histoire.

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