
Par Zahir Radji
La sous-traitance est le maillon faible de la chaine industrielle du pays. Des produits, pièces de rechange et autres services sont importés à grand échelle. Des sommes faramineuses sont allouées annuellement par l’Etat à cet effet. La situation financière plus au moins difficile n’admet pas la poursuite de cette politique «défaillante».
Le développement de la sous-traitance locale devient de plus en plus primordial. En effet, l’Algérie n’a plus le choix que de faire appel à ses entreprises pour sortir de la crise et réduire la facture d’importation en services, pièces de rechange et autres. Toutefois, ceci nécessite au préalable le lancement d’une véritable refonte à la vision actuelle qui n’a pas donné les résultats escomptés.
Il y a lieu, en effet, de donner la priorité au sous-traitant local dans les commandes du marché public. Cette politique permettra de donner une visibilité sur le moyen terme. Dans ce cadre, l’expert international en investissement Mohamed Sayoud a estimé que le non développement de la sous-traitance en Algérie est dû à l’absence de l’investissement. Le nombre de sociétés activant dans ce domaine est très «minime». Autrement dit, la compétitivité et la concurrence sont désormais absent. Les prix des pièces de rechange et services fournis par ces sous-traitants sont excessivement cher. Pour l’expert germano-algérien qui a dans son capital une trentaine d’année d’expérience comme étant chef d’entreprise et consultant en investissement, pour développer le tissu de la sous-traitance, « il faut avoir des milliers d’entreprises activant dans divers domaine». À titre d’exemple, «si tu demande la fabrication d’un moule ou modification d’une pièce, son prix est excessivement cher par rapport aux pièces importés de l’Allemagne, de la chine et d’autres pays», déplore-t-il. Ainsi, l’absence d’une véritable industrie dans notre pays est à l’origine du non développement de la sous-traitance dans notre pays. Car quand le sous-traitant investit, il a besoin de récupérer son investissement soit en exportant ou en répondant à une demande interne. Notre interlocuteur a déploré également que les sous-traitants locaux continuent de fonctionner avec des technologies anciennes. Il a noté que nous avons une ou deux usines seulement qui répondent aux normes internationales, alors qu’en Algérie « nous avons besoins entre 200 à 300 entreprises de ce genre. Ceci nous mènera à dire que la notion de la sous-traitance est pratiquement absente». À cet effet, Mohamed Sayoud a recommandé aux pouvoirs publics de faciliter l’investissement dans divers domaines, en levant les différentes barrières notamment bureaucratiques. « La facilité de l’investissement conduira inéluctablement vers le développement de la sous-traitance. Comme ça, il y aura de plan de charge pour les entreprises et les prix à la production seront à la baisse», a-t-il souligné. L’intervenant a saisi cette occasion afin d’interpeller le gouvernement sur la nécessité de libérer l’investissement, tout en accompagnant les opérateurs économiques à travers des mesures incitatives. Par ailleurs, Mohamed Sayoud a appelé à la réduction des taxes douanières sur la matière première utilisée par les sous-traitants. Actuellement, les prix de l’acier ont pratiquement doublé. Pour lui, il est inconcevable que l’acier produit en Algérie se vende au prix de la bourse internationale, alors que ce dernier a bénéficie de plusieurs avantages (électricité et gaz subventionné, foncier gratuit …). « C’est de la pure spéculation. L’acier doit être vendu au prix algérien», a-t-il déploré.
Il est à noter que le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar a appelé mercredi dernier les bourses de la sous-traitance algérienne à redoubler d’efforts dans la période à venir pour assurer un plus grand accompagnement en faveur des sous-traitants investisseurs tant locaux qu’étrangers, afin d’adapter la sous-traitance nationale aux exigences du secteur industriel et des autres secteurs économiques dans le cadre du Plan de relance économique.