Entre satisfaction et poids environnemental

Les défis de la sécurité alimentaire en Algérie
L’Algérie multiplie ses efforts pour assurer sa sécurité alimentaire. Si pour le moment le premier défi est de produire suffisamment pour ne pas importer, et par là, diminuer la facture alimentaire, il n’en demeure pas moins que dans quelques années, comme le prédisent certains économistes et écologistes, notre pays sera confronté à la sur-utilisation des sols et de l’empreinte carbone, pour la production de viande, et autres produits.
Si depuis quelques temps déjà, notre production agricole s’en est trouvée améliorée, de fortes tensions subsistent, et avec la hausse des prix des céréales, la question s’est complexifiée. Non seulement le problème de la quantité n’a pas disparu, comme en témoignent les tensions sur les prix, mais il s’accompagne de celui de la qualité. Enfin, le problème de la qualité se double de celui de l’accès aux ressources, marqué par de fortes disparités.
Cependant, ce n’est là que l’un des aspects du problème. Un deuxième ensemble de questions touche à la pression sur l’environnement. Dans un avenir proche, la population des classes moyennes est destinée à augmenter fortement. L’accès de milliers de ménages à la consommation de masse va créer des tensions sur l’ensemble des ressources. Les ressources minérales et énergétiques sont déjà affectées, et le problème ne manquera pas de se poser en ce qui concerne les ressources alimentaires.
La demande va alors seulement augmenter, proportionnellement à la population. Dans un pays où la jeunesse représente près de 60% de la population, il est évident que cela accroîtra tout autant la demande, et ce, d’autant plus qu’il faut en moyenne trois calories végétales pour produire une calorie animale.
En parallèle, l’accession à la consommation de viande, (qui représente un certain statut social), obligera ainsi à la multiplication des surfaces dédiées à la consommation animale, avec en prime, une consommation énergétique en hausse.
La pression humaine sur l’environnement devrait continuer à s’accroître. Elle va de pair avec une urbanisation toujours plus grande et ses corollaires, dont le problème crucial de l’eau. Prenons l’exemple de l’eau. On l’utilise, sans la rendre au milieu, 3% de l’eau qui tombe chaque année – un chiffre relativement modeste. Ainsi, la culture est, elle, fortement liée au niveau, (en baisse) des nappes phréatiques.
Cette problématique est aussi présente en ce qui concerne les sols. Cette ressource, mal prise en considération, ne se renouvelle que très lentement. Selon la roche-mère, il faut entre 50 et 1 000 ans pour créer une couche de 1 cm de sol. Et malheureusement, l’érosion agit beaucoup plus rapidement.
Pour résumer, en Algérie, la question de la sécurité alimentaire a constitué une priorité pour les pouvoirs publics depuis l’indépendance. La volonté d’assurer des prix bas à la consommation est entrée constamment et partout en contradiction avec la nécessité de garantir des prix à la production, élevés, une telle contradiction ne pouvant être résolue que par l’appel à des subventions très lourdes pour le budget de l’Etat. Ces subventions ont été supportables tant que les recettes tirées des exportations d’hydrocarbures permettaient de financer les achats massifs, sur le marché mondial, de produits dont les coûts paraissaient comparativement plus faibles que ceux des produits locaux.
L’accroissement des possibilités d’accès pour tous les consommateurs aux aliments disponibles sur le marché a été ainsi favorisé par la mise en place d’un dispositif de régulation pour quelques filières à l’origine des produits entrant dans la ration alimentaire moyenne (blés, lait, pomme de terre, viandes blanches, concentré de tomate) avec pour objectifs une stabilité des prix garantissant simultanément la protection des revenus des agriculteurs et une protection du pouvoir d’achat des consommateurs.
Une équation qui devra être résolue, en tenant compte des nouveaux paramètres qui régissent notre environnement agricole et mondial.