Face à une Algérie souveraine, Paris perd ses repères

Alors que l’Algérie renforce sa présence stratégique et affirme son autorité à l’international, la France semble dépassée par cette nouvelle réalité. L’hebdomadaire L’Express, dans sa double édition du 30 avril, tente de relancer une vieille rhétorique de confrontation en évoquant une prétendue « guerre secrète » entre Alger et Paris. Une lecture datée et orientée d’une relation qui, en vérité, a profondément changé au profit d’une Algérie plus indépendante que jamais.
Opposants traqués, journalistes ciblés : la France inquiète, l’Algérie défend ses intérêts
Depuis la fin du Hirak et la stabilisation institutionnelle du pays, l’Algérie a renforcé ses services de renseignement, devenant un acteur régional redouté. Paris, incapable de digérer la perte de son influence sur ses anciennes colonies, réagit par des accusations sans preuves tangibles, accusant Alger d’avoir orchestré des filatures, des agressions ou encore des enlèvements sur son sol.
Les cas d’Abdou Semmar et d’Amir Boukhors sont agités comme symboles d’une ingérence, sans qu’aucun élément solide ne vienne étayer ces allégations. Ce discours, fondé sur la suspicion, révèle surtout un malaise français face à une Algérie qui agit désormais selon ses propres priorités stratégiques, et non plus sous influence.
Une riposte mesurée, une Algérie qui s’impose
Face à la provocation française, Alger n’a pas cédé à l’émotion. Quand Paris expulse six ressortissants soupçonnés de liens avec les services algériens, l’Algérie répond avec fermeté en renvoyant douze agents français. Un message clair : le temps de l’unilatéralisme est révolu. La coopération sécuritaire, auparavant dominée par Paris, s’est effondrée faute de respect mutuel.
L’Algérie, désormais en position de force, ne tolère plus les comportements méprisants ni les violations des usages diplomatiques, comme le prouve l’incident du chef de poste de la DGSE à Alger, ignoré des autorités locales.
Une relation asymétrique qui touche à sa fin
L’Algérie n’est plus le partenaire docile qu’elle fut pendant des décennies. L’époque où la France expérimentait ses armes chimiques sur le sol algérien ou contrôlait des réseaux d’influence semble lointaine. Aujourd’hui, Alger agit selon ses propres logiques, guidée par une stratégie nationale souveraine. Les nostalgies d’un ancien monde exprimées par d’anciens responsables français comme Yves Bonnet ne font que souligner le recul d’une France en perte de repères en Afrique du Nord.
Macron, entre illusions diplomatiques et revers stratégiques
En tentant de ménager Alger tout en répondant aux pressions internes, Emmanuel Macron échoue à redéfinir une politique cohérente vis-à-vis de l’Algérie. Ses gestes, comme la reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ou l’envoi d’équipements sécuritaires, n’ont pas suffi à masquer une stratégie hésitante et peu lisible.
L’affaire Boukhors a servi d’élément déclencheur pour une classe politique française en quête de bouc émissaire. Loin d’un « casus belli », cette réaction traduit surtout la gêne d’un État confronté à une Algérie qui, plus que jamais, défend ses ressortissants, ses intérêts et sa dignité sur la scène internationale.