
Signé :ZAHIR RADJI
La crise entre l’Ukraine et la Russie risque d’entrainer une crise énergétique mondiale. Les pays de l’Union européen alimentés en gaz russe à hauteur de 50% seront devant une situation plus ou moins délicate, si une guerre se déclenche dans cette zone.
Par Zahir Radji
Les économies de ces pays, notamment celle de l’Allemagne, le poumon industriel de l’UE seront lourdement impactées. Ainsi, il est difficile de trouver des alternatives immédiates pour le gaz russe, notamment par les grands producteurs mondiaux, à l’instar de l’Australie, le Qatar et l’Algérie.
L’expert énergétique, Bouziane Mahmah a expliqué que la production mondiale actuelle est en son plus haut niveau. Autrement dit, il n’y a pas de quantités supplémentaires «prêtes» pour substituer au gaz russe, en rappelant que le gaz est une industrie, nécessitant des investissements colossaux et à long terme. «Le pompage du gaz est basé sur la planification et l’investissement nécessitant plusieurs années. En clair, pas de solution immédiate au gaz russe», a-t-il souligné, en précisant que l’Algérie n’investit pas dans les crises des autres.
«Notre pays et à travers sa diplomatie énergétique et politique ne pourra pas se présenter comme étant une alternative pour le gaz russe», précise Mahmah Bouziane. Et d’ajouter : « l’Algérie est convaincue que la sécurité énergétique est basée sur des approches concessionnelles et non sur des pressions». Depuis des années, notre pays privilégie les contrats de livraison à long terme et ne cesse d’appeler les pays consommateurs à s’inscrire dans cette stratégie, dont ses retombées sont bénéfiques pour les producteurs et consommateurs également. Une approche que même la Russie partage avec l’Algérie, dira l’expert Bouziane. En effet, les contrats à long terme donneront au marché gazier plus de visions, notamment en matière d’investissements et surtout stabilité des prix. C’est pour cela, explique-t-il, l’Algérie ne pourra promettre à personne sur la mise sur le marché de nouvelles quantités en gaz. « L’augmentation de la production mondiale en gaz ne sera pas effective dans un laps du temps. La crise du gaz en Europe n’a pas de solution clé en main. Ni les Etats unis et ni l’UE ne pourront trouver des alternatives au gaz russe. D’ailleurs, les USA en elles mêmes ont des problèmes avec leurs producteurs locaux du schiste. Ces derniers avaient subi des pertes énormes suite à l’effondrement des prix du pétrole et du gaz durant cette période de pandémie. Les bénéfices réalisés avec cette embellie des prix ont été orientés vers la compensation des pertes et non à l’investissement. Ces producteurs du gaz de schiste cherchent d’abord le remboursement de leurs pertes», détaille-t-il. Poursuivant son analyse, l’expert Bouziane a estimé que la crise énergétique en Europe est le résultat de son discours populiste et qui ne pourrait pas y être résolue par des discours politiques. Ces pays sont appelés à mettre la main dans la poche afin de lancer des investissements colossaux en Algérie, notamment afin de garantir leur sécurité énergétique. Dans ce cadre, l’expert a rappelé que la nouvelle loi sur les hydrocarbures est attractive, en accordant des avantages pour les investisseurs. En clair, le destin de ces pays est entre ses mains. Ils doivent renforcer leur investissement pour garantir leur sécurité énergétique.