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Jean-Noël Barrot à Alger : une visite placée sous le signe de la relance bilatérale

En visite officielle à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, entame ce dimanche la mise en œuvre d’une feuille de route ambitieuse convenue entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Deux dossiers majeurs, portés par la partie algérienne, serviront de baromètre pour évaluer la sincérité de l’engagement français dans cette nouvelle phase des relations entre les deux pays : la question mémorielle et le soutien à la renégociation de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne.

Trois jours après l’échange téléphonique entre les chefs d’État algérien et français, les deux capitales s’efforcent de traduire les intentions affichées en actes concrets. La feuille de route conjointe, qui se décline en dix points, prévoit notamment la reprise du dialogue sur les questions de mémoire, le renforcement de la coopération sécuritaire, judiciaire et migratoire, ainsi que l’établissement d’un partenariat fondé sur le respect mutuel. Elle inclut également un appui clair de la France à la demande algérienne de révision de l’accord d’association avec l’Union européenne, une requête à forte dimension stratégique pour Alger.

Cette dynamique s’est traduite par l’invitation adressée par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à son homologue français, Jean-Noël Barrot, pour une visite à Alger visant à définir les modalités pratiques de mise en œuvre de cette feuille de route. Un entretien préparatoire s’est tenu le 3 avril entre les deux ministres, au cours duquel les priorités arrêtées par les présidents Tebboune et Macron ont été examinées, à commencer par les différends récents ayant affecté la relation bilatérale.

Parmi les dossiers jugés essentiels par Alger figure le volet mémoriel. Considérée comme une condition sine qua non à une relation apaisée, la question de la mémoire appelle, selon les autorités algériennes, des gestes clairs et assumés de la part de la France. Il s’agit notamment de reconnaître la dimension tragique de la colonisation, de restituer les archives et objets confisqués, en particulier ceux ayant appartenu aux résistants du XIXe siècle, de transmettre la cartographie des essais nucléaires effectués dans le Sud algérien, et de procéder à la dépollution des zones contaminées.

Autre point sensible, la renégociation de l’accord d’association avec l’Union européenne, à laquelle l’Algérie attache une importance particulière. Le soutien exprimé par le président Macron à ce processus est perçu à Alger comme un test de loyauté et d’engagement dans la refondation du partenariat bilatéral. Ce soutien est d’autant plus attendu que la France, en tant qu’acteur influent au sein de l’Union européenne, est en mesure de jouer un rôle déterminant dans l’orientation des discussions à venir.

Du côté français, le Quai d’Orsay a confirmé que cette visite vise à relancer le dialogue politique avec Alger et à opérationnaliser la feuille de route conjointe. La diplomatie française insiste sur la nécessité de reprendre sans délai la coopération sécuritaire et migratoire, de relancer les travaux de la commission mixte d’historiens, et de renforcer les échanges dans les domaines judiciaire et économique.

Au-delà de son aspect diplomatique, la visite de Jean-Noël Barrot constitue une épreuve de vérité pour les relations algéro-françaises. Si elle marque une volonté partagée de dépasser les tensions récurrentes, sa portée sera jugée à l’aune des engagements concrets qui en découleront. Dans cette phase cruciale, Alger attend des actes à la hauteur des promesses.

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