La baisse de l’inflation peut cacher une mauvaise organisation des marchés
Par Abdelkader Mechdal
La tendance du niveau général des prix à la baisse, pendant les deux premiers mois de l’année en cours, révèle cette situation de manque de la demande, même sur les produits alimentaires qui connaissent dans un temps normal une consommation consolidée. Une évolution qui continue d’avoir lieu, et ce, depuis plus d’une année déjà, en relation avec un comportement des consommateurs privilégiant de garder un niveau de liquidité leur permettant de mieux faire face à une conjoncture de crise que vit le pays.
Le niveau de l’inflation en Algérie a connu un recul de 0.1% en février passé en comparaison avec le mois de janvier, pour se stabiliser à 1.8% selon une moyenne annuelle calculée par l’Office national des statistiques. Un niveau d’évolution de la globalité des prix sur le marché qui reste faible, tiré essentiellement par une stagnation des prix des produits alimentaires en général, avec des chutes constatées qui ont touché les produits frais, qui, selon la même source, ont connu des évolutions négatives si on les compare avec leur niveau du mois de février de l’année passée 2019. Là, il est d’importance de remarquer que la restriction dans la tendance dépensière des ménages s’est accompagnée avec une abondance de la production des produits frais, ce qui pousse les prix à des niveaux plus bas.
Cette situation reste quand même paradoxale, tant que la chaîne de distribution ne suit pas les améliorations de la productivité dans les filières agricoles, et fait que la diminution des prix n’est pas ressentie de la même façon, sachant que les centres qui connaissent une forte demande conservent des niveaux de prix élevés, comme c’est le cas dans les grandes villes du pays, ce qui mène à croire que la moyenne de l’inflation cache une réalité qui fait que les consommateurs ne sont toujours pas égaux devant des améliorations de prix qui restent théoriques. Pour ce problème posé, il faut rajouter que des endroits sont loin des grandes villes et qui subissent le même sort, pourtant leurs populations sont dans l’incapacité de faire face aux prix vu leur pouvoir d’achat si bas.
En même temps, il y a lieu aussi de pointer du doigt le fait que les fuites en matière de valorisation des produits frais font mal aux producteurs agricoles, qui cèdent leurs produits à des prix très bas, en les retrouvant sur les étals des marchés des centres importants de consommation, à des niveaux de prix bien élevés, reflétant une situation de mainmise exercée par les spéculateurs en jouant les intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs. Une situation d’ailleurs qui a resurgi au temps du coronavirus, là où la tendance spéculative a fait monter au rouge en ce mois de mars 2020 les indicateurs de prix profitant de l’augmentation de la demande en relation avec la conjoncture difficile que vit le pays.