La Banque d’Algérie sans gouverneur

Par Abdelkader Mechdal
Il est inconcevable que pendant une période aussi difficile que traverse l’Algérie actuellement, en matière de manque de liquidité qui s’installe comme une donnée d’une économie en besoin de financements, la Banque d’Algérie reste sans tête pensante qui puisse proposer des solutions à travers une politique monétaire prenant en compte une gestion dynamique de la masse monétaire circulant surtout sur le marché officiel.
La Banque d’Algérie se retrouvant sans un gouverneur, depuis le 23 juin passé là où son ancien premier responsable a été nommé comme ministre des Finances, en l’occurrence M. Aymen Benabderrahmane puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait que la politique monétaire du pays se retrouve amputée de sa tête pensante, qui devait la diriger pour faire face à la conjoncture très difficile caractérisée par l’installation dans le temps du manque de liquidité, mal vécue surtout par les salariés qui n’arrivent pas à jouir de leurs dus, mais aussi par les institutions publiques en charge de fournir la masse monétaire nécessaire pour couvrir la demande nationale en liquidité.
La vacance du poste du gouverneur de la Banque centrale, démontre en fait cette tendance à privilégier le travail fait par l’exécutif par le biais du ministère des Finances, en matière de la gestion de la finance publique, faisant ainsi l’amalgame quant aux limites d’intervention sur le marché entre ce qui est des prérogatives du gouvernement et celles revenant à la Banque d’Algérie. Dans ce cadre là, il est d’importance méthodologique d’attirer l’attention sur l’importance de distinguer entre les différentes autorités constitutionnelles relevant de l’économie de marché, donnant à la Banque centrale le pouvoir de décider de la politique monétaire du pays, qui puisse accompagner la relance d’une économie fragilisée par des démarches publiques non-aboutissantes et par une conjoncture récessionniste en relation avec l’évolution de la Covid-19.
Ce qui est sûr est que le manque de liquidité sur le marché est lié à plusieurs facteurs, mais le plus compréhensible est celui en relation avec la réaction des agents économiques qu’ils soient les ménages ou les entreprises, à la crise économique actuelle qui a fait perdre confiance en la possibilité de rétablissement de la situation dans le pays, au moins en ce court terme. Alors, il est habituel que dans des situations d’incertitude et de crise, que les gens aient cette tendance d’essayer de se prémunir des effets négatifs attendus, surtout avec la peur de se retrouver sans moyens de paiement pour faire face à leur besoin de couvrir leurs dépenses.
Ce qui est attendu de la Banque d’Algérie est justement de proposer des solutions adéquates, pouvant corriger les déséquilibres entre la demande et l’offre de la monnaie, et rétablir la confiance dans le système bancaire et financier du pays, ce qui pourrait calmer le marché et revenir à un état d’esprit jouant en faveur d’anéantissement de la pression que connaît le pays actuellement. La force des solutions à préconiser est liée certes aux instances composant la Banque centrale, mais aussi et surtout à la démarche globale que proposerait le gouverneur qui est supposé être d’un niveau académicien reconnu dans le domaine de la monnaie, pour pouvoir occuper le poste à la tête de l’autorité monétaire du pays. Et quand on sait que la seule solution qui puisse régler le problème de manque de liquidité est l’injection de l’argent sur le marché, par le biais de techniques propres à la Banque centrale, cela demande une gestion rigoureuse de l’opération selon une feuille de route ayant pour objectif de satisfaire la demande et de surveiller l’impact sur l’inflation. Un travail qui ne peut être pris en charge que par un staff dirigeant de haute compétence, présidé par un gouverneur de réputation internationale.