La crise du marché pétrolier plane sur les décisions publiques

Il est d’importance que le président de la République ne prononce pas le mot austérité tout au long de son intervention au cours de la réunion qu’il a présidée et consacrée à l’évaluation de la situation qui découle de la décision unilatérale de l’Arabie Saoudite à faire des rabais au prix du pétrole, à en constituer une menace pour les équilibres financiers du pays.
Le Président Abdelmadjid Tebboune a bien fait d’éviter une démarche d’austérité qui, au passé récent, n’a fait que le jeu de l’arbre qui voulait cacher la forêt, dans le sens où les autorités publiques ont démontré à chaque fois que les restrictions budgétaires ont été annoncées et appliquées, qu’elles ne faisaient que dans la gestion de la misère sans pouvoir appliquer des politiques à même de permettre les ajustements que la communauté attendait d’elles, et un seul résultat était assuré qui est le gaspillage des ressources publiques rares, et que la carte de l’Algérie soit noire de localités vivant dans des situations de pauvreté assez avancée.
Il est vrai que le manque de liquidités en relation avec le crash que connaît le marché pétrolier, suite à des évolutions désastreuses causées par la guerre des prix ouverte entre les grands producteurs, est une contrainte majeure pour bien mener la politique de la dépense publique, mais cela ouvre le choix entre deux options contradictoires, pour essayer d’arriver au même résultat, qui est de retrouver le chemin de la croissance. La première démarche est en relation avec les orientations du FMI, qui préconise l’importance du retour à l’équilibre budgétaire, à travers une politique de restriction de la dépense publique, avec les effets bien connus sur le chômage et les conditions de vie des citoyens, et ce, en se reposant sur ce qui est appelé l’ajustement structurel, qui doit pousser à la reconstruction de l’économie sur des bases purement libérales, en associant l’action publique avec l’ouverture du marché, y compris dans sa dimension de libération des prix à l’interne.
L’autre démarche n’est que celle qui voit dans l’expansion à travers l’engagement de l’Etat de plus de dépenses, pour réactiver la demande sur les produits de consommation et d’investissement, mais en prenant compte l’impératif de relancer l’appareil de production, qui voyait un certain niveau de ses capacités en panne. Donc, cette politique cherche au contraire, une relance des éléments du marché c’est-à-dire la demande et l’offre, pour dépasser la situation de crise, dans une logique de bonne utilisation des dépenses publiques à travers une rentabilisation économique sûre, ce qui permettrait le retour à la croissance.
Ainsi, on assiste dans la démarche publique algérienne, à une orientation qui veut économiser dans la dépense en essayant de réduire le recours à l’importation, et en même temps de mobiliser les ressources financières internes surtout en matière de recouvrement fiscal et monétaire ainsi qu’en proposant de nouveaux produits bancaires (islamiques) pour drainer une partie de la masse monétaire en circulation sur le marché parallèle, et le passage à exécution des nouvelles politiques sectorielles à même de faciliter l’investissement, et le retour à la croissance. Une démarche qui aura à associer le travail des experts si le gouvernement veut faire l’économie du temps et de l’argent pour arriver à ses objectifs et à de meilleurs résultats.
Par Abdelkader Mechdal