La dette intérieure peut avoir un impact à la fois positif et négatif, d’après l’expert financier Nabil Djomaa

La dette publique est un moyen important pour évaluer la prospérité économique d’un pays.
Pour comprendre la signification du taux de 47% de dette intérieure, annoncé par le Trésor public, l’expert en Finances,Nabil Djomaa, met la lumière sur la portée de cette situation financière, et ce de point de vue macroéconomique et microéconomique.
La dette intérieure a un impact positif et négatif sur l’économie, et il est nécessaire de comprendre son fonctionnement au sein de l’économie algérienne.
Les points positifs se présentent dans ce taux d’endettement qui permet de financer des investissements publics tel les infrastructures, les équipements, les programmes sociaux de l’État annoncé dans le programme du président de la République.
Cela pourrait stimuler la croissance économique, et par conséquent améliorer le bien être des citoyens. En effet, un taux de croissance de 4,2% et un PIB de 230 milliards de dollars ont permis l’amélioration des salaires des Algériens.
La conjoncture économique algérienne, qui a été en plein crise avant 2019, peut être une possibilité pour financer la dette intérieure et soutenir la demande de l’activité économique,lors des récessions notamment entre l’année 2014 et 2019 où les prix du pétrole ont dégringolés arrivant à 22 et 23 dollars le baril.
Aussi,les avantages du déficit budgétaire intérieur permet la diversification des ressources du financement de l’État , en complément des recettes fiscales et la dette extérieure qui est quasi zéro.
Elle permet de réduire la dépendance de l’État aux marchés internationaux et donne plus de marge à la manœuvre dans la gestion de la dette extérieure.
Cependant,les points négatifs de la dette intérieure entraine une charge financière pour l’État sous forme d’intérêt à payer, et la charge peut augmenter si le taux d’intérêt augmente.
Et les taux d’intérêts sur le marché algérien sont un peu élevé allant de 7,5% jusqu’à 12,5% pour les investissements en constituant une charge financière à l’État.
L’autre inconvénient est le risque de surendettement, car il peut limiter la capacité de l’État de financer les dépenses courantes , et de répondre à des chocs économiques.
La dette intérieure peut avoir un impact négatif sur la croissance économique, si l’augmentation des taux d’intérêts conduit à la réduction des investissements privés.
« Pour le cas de l’Algérie, l’endettement intérieur a augmenté de manière significative ces dernières années pour atteindre 47% du PIB selon la déclaration du Trésor public , qui est dû à plusieurs facteurs notamment les dépenses publiques et la volonté de l’État à diversifier les ressources de financement .
L’Algérie doit surveiller attentivement l’évolution de son endettement intérieur afin de diminuer les risques associés.
Pour cela, la pays doit mettre en place des politiques économiques visant notamment à stimuler la croissance économique et à réduire les dépenses publiques, et à augmenter le rendement des financements des investissements dans les secteurs les plus rentables « , a ajouté l’expert Djomaa.
Le chiffre d’endettement intérieur de 47% est préoccupant. En effet, il s’agit d’un niveau élevé qui peut avoir des conséquences négatives sur l’économie nationale.
« En comparant cet endettement à celui des autres pays du bassin méditerranéen, à titre d’exemple le Portugal, l’Italie, la Grèce, la France, dont le taux d’endettement intérieur avoisine les 95% du PIB, permet de dire qu’on est très loin de la crise économique mondiale. Donc , en premier lieu, il n’est pas assez élevé comme celui des pays qu’on vient de citer.
Car les investisseurs exigent une rémunération plus élevée pour prêter de l’argent, et un pays qui est endetté peut subir un impact négatif sur la croissance économique, où les entreprises et les ménages sont moins enclins à emprunter l’argent pour investir , ou consommer avec des taux d’intérêts élevés » renchérit l’expert.
De point de vue macroéconomique, un taux d’intérêt publique intérieur élevé peut contraindre l’État à prendre mesures drastiques telles les hausses d’impôts, des coupes budgétaires, qui auront des impacts négatifs sur la croissance économique et le bien être des citoyens.
Aussi , l’endettement intérieur peut provoquer la perte de confiance des investisseurs, qui seront moins enclins à investir dans un pays lourdement endetté.
De point de microéconomique, il existe plusieurs moyens de diminuer la dette intérieure.
La façon la plus raisonnable et efficace est d’arriver à un excédent budgétaire , qui signifie que les recettes de l’État doivent être supérieures aux dépenses.
Il est important de souligner, selon l’expert Nabil Djomaa, qu’atteindre le taux de 0% de dette intérieure ne constitue pas un objectif réaliste.Dans la mesure où l’État a besoin d’emprunter l’argent pour financer certaines dépenses tels les investissements publics, les dépenses sociales.
Toutefois, il est possible de réduire la dette intérieure à un niveau plus soutenable par exemple 30%.
Pour ce faire, l’État peut augmenter les recettes par les exportations des produits intérieurs, et la diversification des exportations, et la réduction des dépenses publiques de l’État, les dépenses d’investissement et les dépenses sociales.
Il y a également la privatisation de certaines entreprises publiques qui peut générer des recettes et diminuer la dépense de l’État, aussi le partenariat public-privé peut peut générer des recettes et diminuer les dépenses.
En conclusion, 47% d’endettement intérieur par rapport au PIB, nous laisse bien classé sur le plan mondial, notamment avec la crise économique mondiale et l’avènement de la pandémie Covid-19.
L’Algérie se trouve dans une très bonne position, et » il n- y a de feu dans la baraque », clarifie l’expert Djomaa, et il faut juste diminuer les dépenses publiques avec des projets rentables comme le projet de Ghar- Jebilet et le projet de phosphate et d’autres investissements et exportations, et notamment il n’ y-a pas de dette extérieure.