La double peine des travailleurs

Par Arezki Louni
La situation est intenable pour les Algériens titulaires de comptes bancaires et postaux. Depuis plus de deux mois, ces derniers sont en bute à un problème du manque de liquidités.
Tantôt sous prétexte du manque d’argent, tantôt de la défection du réseau informatique, tous les moyens sont bons pour justifier ce dysfonctionnement du circuit financier.
En effet, la plupart des banques et bureaux de poste sont pris d’assaut chaque matin par des dizaines de clients, qui, quelques minutes plus tard repartent bredouille. Déjà que des milliers de travailleurs ont perdu leurs emplois, d’autres ne peuvent même pas espérer empocher leurs propres salaires et/ou pension de retraite. Le ministre des Finances et du Budget, Aymen Benabderrahmane, qui s’exprimait, hier, avait affirmé que le problème sera réglé «dans quelques semaines».
Rien que ça ? Une déclaration qui dénote de la gravité de la situation, et surtout de la situation embarrassante dans laquelle s’est retrouvé le département du nouveau ministre et de la Banque d’Algérie. Au moment où le spectre du retour à la planche à billets plane, les Algériens n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience, en attendant des jours meilleurs.
A rappeler que le 9 juin dernier, la Banque d’Algérie a annoncé que la liquidité bancaire est passée sous le seuil de 1 000 milliards de DA. «La liquidité globale des banques a poursuivi sa baisse en 2020, passant de 1 557,6 milliards de dinars à fin 2018, à 1 100,8 milliards à fin 2019, pour atteindre 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020, soit une contraction de la liquidité bancaire de 184,2 milliards par rapport à son niveau enregistré à fin 2019». En termes d’inflation, le processus de désinflation s’est poursuivi au cours des quatre premiers mois de l’année 2020. Pour le rythme annuel moyen de l’inflation, il a atteint 1,78% à fin avril 2020, contre 1,95% en décembre 2019 et 4,08% à fin mars 2019, a souligné la BA. Quant au rythme annuel moyen de l’inflation hors produits alimentaires, la Banque d’Algérie a précisé qu’il a enregistré une hausse pour les 4 premiers mois de 2020 pour atteindre 4,39% en mars 2020 contre 4,05% à fin décembre 2019. Les décisions prises sont de nature à «permettre de libérer, pour le système bancaire, des marges supplémentaires de liquidités et mettre ainsi, à la disposition des banques et établissements financiers, des moyens additionnels d’appuis au financement de l’économie nationale à un coût raisonnable», a ajouté la Banque d’Algérie. Par ailleurs, s’exprimant il y a deux jours en marge d’une cérémonie, au siège du gouvernement, à l’occasion de l’émission de nouveaux billets et pièces de monnaie, M. Benabdarrahmane a imputé le phénomène du manque de liquidités au «ralentissement de la dynamique économique et financière du fait du Covid-19, qui plus est, l’économie algérienne repose sur le versement en espèce, ce qui requiert une grande liquidité», soutenant que l’Algérie s’achemine vers la numérisation de l’économie et des transactions, qui mettra fin au problème de liquidité.