La finance islamique est une alternative pour affronter la crise
Nacer Hider Dg d’Al Salam Bank
Reçu au Forum conjoint «Le Chiffre d’Affaire» et le journal «El Wasset», M Hider Nacer Directeur général d’Al Salam Bank, avec la verve qu’on lui connait et son franc parler a dressé un bilan sans ambages de la finance islamique en Algérie qui a encore du chemin à parcourir. En effet, selon l’orateur ce type de finance dans notre pays ne représente que 2 % du marché bancaire national.
Pour M Hider, si la finance islamique n’est pas la panacée, elle représente tout de même une alternative pour affronter la crise, même si à l’état actuel des choses, la finance islamique en tant que telle est toujours perfectible et doit s’adapter à son environnement économique, tout en respectant certains principes inaliénables de la «Charia».
A son sens la pratique de la finance islamique, n’est pas antinomique du système financier dit «conventionnel», mais offre certains autres avantages. Certes la finance islamique dans notre pays accuse un certain retard par rapport à d’autres pays du Maghreb ou du monde Arabe «Mais cela est dû» a-t-il affirmé à un manque de culture de cette pratique et à une méconnaissance du public pour ce genre d’offres bancaires. Si, dans certains pays occidentaux, les législateurs cherchent actuellement à créer les conditions réglementaires afin de permettre à leurs banques de capter les capitaux «halal», la législation algérienne a déjà autorisé ce genre d’opérations depuis 1991, lors de l’agrément de la première banque privée spécialisée dans ce financement, à savoir El Baraka Bank.
Mais pour ce responsable, ce marché, qui s’est développé dans le pays depuis 26 ans, demeure, cependant, en phase de démarrage. Il représente, selon lui seulement 2% du système financier national et près de 17% des banques privées. Et le nombre de banques qui opèrent en Algérie selon les préceptes de la charia ne sont pas légions. Ce qui a fait dire d’ailleurs à certains spécialistes que la finance islamique en Algérie en est encore à un «stade embryonnaire». Dans le cas de la finance islamique, on utilise des opérations commerciales mais qui sont de nature financière», nous a –t-il indiqué. «La loi sur la monnaie et le crédit autorise, certes, les opérations d’investissement et de commerce conformes aux préceptes de la loi islamique (charia), mais ne les a pas clairement définies en tant que catégorie spécifique de financement». «La finance islamique opère selon des règles différentes de la finance classique. Par conséquent, il faudrait avoir un système adapté au code de commerce, au niveau de la législation fiscale, parce que les transactions sont structurées d’une manière particulière par rapport aux banques classiques qui utilisent des intérêts.
Ce manque est selon M Hider pallié par l’AAOIF (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions) qui en a défini les règles générales.
La finance islamique est en mouvement mais M Hider reconnait que la limite entre cette finance et celle «conventionnelle» est mince et elles peuvent se chevaucher, d’où la nécessité d’une gestion pragmatique est saine.