La finance islamique gagne du terrain en Algérie
Selon Oxford Business Groupe
La finance islamique gagne du terrain en Algérie. Les six banques publiques se sont engagées à lancer des services de nouveau mode de financement d’ici la fin de l’année en cours, a indiqué, hier, Oxford Business Group dans sa dernière mise jour économique sur l’Algérie. Ainsi, le gouvernement a annoncé le lancement d’un comité de conformité charia. «Le nouveau Premier ministre Ahmed Ouyahia, a déclaré que trois banques publiques – la Banque de l’agriculture et du développement rural, la Banque de développement local et la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance – lanceraient des services de finance islamique d’ici la fin de l’année et que quatre autres banques proposeraient également ces services à partir de 2018», ajoute-il.
Parmi les nouveaux services proposés par les banques, on peut citer la murabaha (vente à prix coûtant majoré, alternative au crédit à la consommation), l’ijara (crédit-bail), et la musharaka (partenariats).
Afin de superviser la mise en place de ces nouvelles activités bancaires, le gouvernement compte également créer d’ici la fin de l’année un comité de conformité charia. «Il s’agit là d’une avancée décisive pour le secteur de la finance islamique, qui ne disposait pas jusqu’à présent d’un cadre réglementaire spécifique», a précisé l’institution britannique.
Tout cela démontre la volonté des pouvoirs publics pour sa promotion et répondre à la demande des citoyens qui fuient actuellement les banques à cause des «intérêts».
«La décision de proposer des produits de finance islamique dans des banques publiques vise expressément à atteindre le grand nombre d’Algériens qui ne sont pas encore bancarisés ; seuls 50% des adultes étaient titulaires d’un compte en banque en 2014, selon des chiffres publiés par la Banque mondiale, certains choisissant de ne pas déposer leur argent dans des banques pour des raisons religieuses», a-t-il relevé.
S’agissant du marché boursier, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia comptait introduire en Bourse des produits d’épargne non conventionnels par le biais de l’émission de son premier sukuk (obligation islamique).
Il vise, en premier lieu, à attirer davantage d’investissement dans l’économie algérienne, cette dernière ayant subi les conséquences d’une forte chute des rentes pétrolières.
«Le plan d’action cherche à assurer le développement du marché des capitaux et de la Bourse afin d’offrir des alternatives aux financements des investissements et aux augmentations des capitaux», a indiqué Oxford Business Group. Atteignant une capitalisation totale de 43,6 milliards de dinars (323,8 millions d’euros) à la fin octobre, la Bourse algérienne est actuellement plus petite que celle de ses voisins marocain et tunisien, qui présentent respectivement une capitalisation de 625,7 milliards de dirhams (4,6 milliards d’euros) et de 21,3 milliards de dinars tunisiens (7,3 milliards d’euros).
«Malgré des volumes de transaction et un nombre d’investisseurs relativement bas, les marchés connaissent un développement rapide et la capitalisation boursière s’est accrue de 195% depuis 2014, ce qui coïncide avec les efforts déployés par le gouvernement afin de compenser les recettes énergétiques en baisse», s’est-il félicité, tout en ajoutant que : «Si le projet de lancement de sukuks se concrétise, le marché poursuivra son développement tout au long de l’année 2018».
Enfin, Oxford Business Group estime qu’il se «pourrait également que le secteur bancaire accueille une participation privée accrue en 2018, le gouvernement ayant fait part de la possibilité d’ouvrir le capital d’au moins une banque publique, si ce n’est plus, notamment à travers une cotation à la Bourse d’Alger, assouplissant la restriction actuelle imposant une participation minoritaire de l’investisseur étranger».