La main basse de l’administration menace l’existence même de l’industrie

Sa fragilité flagrante témoigne de l’importance de son accompagnement
La menace, qui guette plusieurs filières industrielles, de perte de capacités de production pour les plus chanceuses d’entre elles, est en relation avec ce modèle de procéder qui fait que les entreprises productives sont dépendantes de leurs importations des matières premières et des équipements. Et dès que les moyens de règlement internationaux se rétrécissent, le blocage d’une partie ou de la totalité de ces importations, par les autorités publiques, se répercute comme un vrai désastre sur toute l’activité industrielle.
La logique, qui a fait que le gouvernement prenne la décision de limiter les importations d’une manière générale, a avancé la préservation des moyens de paiement international, qui se dégradent d’une manière continue comme motif, et l’estimation de l’effet sur la corrosion des réserves de change a été chiffrée et classée selon l’importance de l’enveloppe consacrée à l’achat des marchés étrangers. Dans ce sens, il n’y a pas eu de distinction entre les secteurs productifs et ceux improductifs, ce qui a touché les filières industrielles de plein fouet, pour se retrouver sans pouvoir préserver leur activité avec tout ce qui s’en suit en matière de perte financière et en postes d’emploi. Un chiffre comme celui de l’importation des kits automobiles, qui a atteint les 1.766 milliards de dollars US au 1er semestre de l’année en cours, fait déduire que le chiffre d’affaires à l’importation pourrait atteindre les 4 milliards de dollars US à la fin de l’année, ce qui fait bouger la machine des interdictions ou de freinage envers les opérateurs économiques concernés.
Plusieurs techniques de freinage de l’importation sont pratiquées. Les autorisations administratives et les quotas délivrés aux opérateurs sont le premier moyen utilisé pour réduire la tendance à l’importation. Dans ce cadre, l’administration publique prend tout son temps pour étudier la demande des opérateurs, ce qui fait enregistrer des retards dans la délivrance du passe, comme a été le cas pour ceux activant dans le domaine de l’électroménager, chose qui a été justifiée par la ministre de l’Industrie, comme due au retard dans la constitution des commissions spécialisées dans l’étude au cas par cas de ces opérateurs. L’outil administratif a été renforcé par la préparation d’un cahier des charges, pour l’imposition d’une intégration nationale graduelle, comme ça a été le cas dans la filière automobile, et commencer par un taux de 20% au bout de la 3e année du début du montage.
Et parce que l’administration publique aime se distinguer quand il s’agit du blocage, il a été mis en application une décision invisible de retarder le dédouanement des kits arrivés à port, ce qui a fait que les importateurs industriels concernés sont en état d’attente pour revenir à leur tâche de production, au point qu’une instruction émanant du Premier ministre a été adressée aux services des douanes les instruisant d’autoriser l’entrée des intrants destinés aux industries électroménagères, pour que le dossier de ces importations soit régularisé. Tout cela, s’ajoute à l’interdiction de paiement cash des transactions, et l’imposition de régler les factures d’achat de l’étranger en différé atteignant 9 mois.
Tout un parcours de combattant que les opérateurs en montage industriel subissent, ce qui menace de perte réelle en investissement et en capacités de production, en plus de ce qui se répercute en licenciement qui se fait sentir dans plusieurs filières d’activité alimentant ainsi un chômage galopant, source de déstabilisation sociale. Pourtant, les solutions économiques sont là pour faire sortir les opérateurs de ce marasme, qui est celui de les inciter à produire pour exporter un niveau de leur production pour assurer un autofinancement en devise, et permettre l’émergence d’une industrie nationale prospère, comme c’est le cas dans les pays qui ont réussi leur mutation vers le marché.
Abdelkader Mechdal
Economiste