La reprise économique a besoin d’un appui fort de la part de l’Etat

Par Abdelkader Mechdal
Comme à l’habitude de la lourdeur de l’application des actions publiques, le secteur des entreprises vit une situation de souffrance suite à l’épuisement de la liquidité, dû à l’arrêt pur et simple de l’activité, mais sans que la situation des dettes ne suive, et bien sûr, sans que l’accompagnement de la part des institutions de l’Etat ne soit effectif.
Pourtant, les autorités d’encadrement sont intervenues dès le début de la crise en relation avec le Covid-19, pour alléger le coût de l’argent, donnant un signal fort pour la prise en charge des doléances du monde de l’économie. Le problème, qui se pose actuellement, a une relation directe avec la tenue de la politique économique de l’Etat, dans ses deux champs d’intervention que sont, les politiques monétaire et financière.
Dans ce cadre là, la Banque d’Algérie (BA) avait initié des mesures à l’instar de ce qui est enregistré à travers le monde, en procédant à la révision à la baisse du taux directeur pour que le crédit bancaire soit moins cher. En outre, et en prévision du manque de liquidité, la BA a réduit le taux des réserves obligatoires imposé aux banques commerciales, dans une action qui vise l’extension de l’offre d’argent et amoindrir son coût, ce qui constitue théoriquement, un élément d’incitation à la demande de crédit de la part des entreprises. Or, la réalité, elle est tout autre. La contrainte majeure que rencontrent les détenteurs de projet est liée à la perte de leur chiffre d’affaires, ce qui les rend insolvables chez les banquiers si une fois ils auront à demander des crédits pour le retour à l’activité de l’après-Covid-19.
Donc, la formulation même de la demande de crédit aura besoin d’une couverture par la constitution des garanties réglementaires, chose qui n’est pas à la portée de toutes les entreprises, puisque celles, qui sont de taille petite ou moyenne, ne pourront pas satisfaire à cette exigence, et même les grandes entreprises n’ont pas en fait, de faire face toutes seules aux pertes induites sans l’aide directe de l’Etat. Dans les pays du monde, de l’Amérique du Nord à l’Europe passant par l’Asie, les gouvernements ont pris à leur charge la compensation financière aux entreprises, quelle que soit leur taille, parmi, bien sûr, celles qui pourront rester en activité. Les chiffres sont calculés en centaines de milliards de dollars, qui servent actuellement à inciter les entreprises à prendre part et vite au retour à la normale, dès que le déconfinement devient possible.
En Algérie, le circuit de la mise en application des directives des autorités publiques est long, que ce soit pour faire bénéficier les entreprises des crédits bonifiés ou d’allègements en relation avec l’autre volet de la politique financière en matière de prorogation des échéances de paiement des dettes fiscales, ce qui fait que le retour à l’activité aura besoin d’une nouvelle intervention des hautes autorités de l’Etat, qui auront à déterminer les règles et les délais d’application, dans un signe indispensable pour que le monde des affaires soit au rendez vous, sachant que la reprise économique attendue, aura besoin à plus de temps pour se concrétiser.