La transition numérique loin d’être acquise

Par Abdelkader Mechdal
Les statistiques révélées officiellement sur le développement de l’e-paiement pendant le confinement sont loin de pouvoir renseigner d’une quelconque amélioration dans les services dédiés aux pratiques électroniques dans le domaine des transactions commerciales, et ce, tant que presque 92% du paiement via les cartes bancaires ou postale ne concernent nullement les différents secteurs économiques, mais ça touche essentiellement les rechargements en relation avec la téléphonie et internet.
Quelle a été la surprise, aussi mauvaise soit-elle, qu’un opérateur économique a vécue en s’approchant des services du CNRC à l’est d’Alger, en retrouvant une situation d’entassement des représentants de sociétés une fois qu’il s’est rendu à cette direction algéroise dans le but de faire sortir une copie de son registre de commerce «électronique». L’incompatibilité est flagrante entre l’adhésion au plan de numérisation du secteur, et la situation qui prévaut dans locaux de ce service public, ce qui donne l’impression que le retour aux pratiques se basant sur le papier reste une constante dans l’esprit de l’administration, sinon pourquoi convoquer les commerçants pour le retrait de la paperasse, alors que l’opération de numérisation est censée abolir l’utilisation du papier d’une façon définitive.
Les autorités publiques ont procédé, comme a été annoncé officiellement, à la conversion des anciens registres de commerce en version électronique dans un plan visant la numérisation des services du commerce, afin de passer à ce qui est mis comme objectif qui est l’instauration de la transparence dans la relation avec les opérateurs économiques, ce qui est considéré comme primordial pour mettre ces derniers sur un pied d’égalité dans leur relation avec l’administration publique, et aiderait à assainir ce segment important pour appuyer les pratiques concurrentielles. Toutefois, il paraît que les anciennes pratiques de face à face et la résistance au changement ont encore de beaux jours devant elles, ce qui démontre du manque flagrant d’engagement sur la voie de la numérisation de la part des services publics.
Et voilà que la situation réelle en Algérie est très révélatrice par rapport à la tenue des réformes qui tardent à prendre forme quant à la modernisation de la sphère économique et commerciale, pourtant cet engouement à l’utilisation des modes de transaction via internet est réel au sein de la population en général et les opérateurs économiques en particulier, ce qui offre l’ingrédient nécessaire à la réussite de la numérisation tant attendue pour passer à de meilleurs niveaux de rentabilité. Alors, le fait que cette numérisation soit résumée dans le domaine de l’e-paiement dans le rechargement des crédits de la téléphonie et d’internet, cela veut dire que le travail reste entier pour aller au devant dans l’élargissement du champ des pratiques électroniques. Le plus grand problème qui freine l’application de la politique du numérique est le peu d’ouverture du marché national, et la bureaucratisation de l’environnement des entreprises et consommateurs, ce qui retarde l’établissement de confiance dans les moyens qui puissent être mis à la disposition des agents économiques, et partant, retarder la transition numérique de tout le pays.