L’accord de diminution des quotas consolidé

En fin de compte, c’est la stratégie des plus grands pays producteurs de pétrole qui a pu imposer la conduite à observer sur les marchés, en optant pour le vœu de l’Arabie Saoudite de voir l’accord de restriction des quotas révisé dans le sens d’augmenter les quantités concernées, et ce, malgré les réserves russes qui ne voulaient pas rediscuter des quotas avant l’échéance de 31 mars 2020.
L’accord de principe, divulgué hier, a porté non seulement sur le renouvellement des restrictions des quotas des pays Opep+, mais d’y mettre un changement en rehaussant la contribution de ces pays, proposée avec un appui saoudien, de l’ordre de 500 000 barils/jour supplémentaires, ce qui constitue une nouvelle fois une ligne de conduite qui fait référence aux calculs d’intérêts des Saoudiens s’apprêtant à ouvrir officiellement le capital de son géant pétrolier Aramco, attendu pour le 11 décembre prochain, poussant ainsi la valeur des actions de la compagnie nationale vers l’enregistrement de gains en relation avec la cession d’une partie de ses actifs.
Le nouvel accord consolidé prendra effet après que l’Opep+ aura à discuter de la situation du marché à la veille de la fin de période pour l’ancien accord portant sur la diminution de 1.2 million de barils/jour. Mais on s’attend à ce que ce nouvel indicateur puisse faire augmenter les prix du brut sur les marchés qui ont enregistré un mouvement de spéculation autour de l’attitude que doit prendre les discussions entre les pays producteurs. Les opérateurs sur les marchés, partant, sur l’avis des Saoudiens qui voulait aboutir coûte que coûte à une nouvelle diminution des quotas, ont manipulé les opérations vers des achats supplémentaires, ce qui a provoqué une augmentation des prix de l’ordre de 4% la veille de la réunion de Vienne.
Les prix sont partis à la hausse, poussant le Brent de la mer du Nord à approcher les 64 dollars le baril, et le référentiel américain Wti à dépasser les 58 dollars le baril, niveau le mieux, que ce dernier a connu depuis mi-septembre passé. Mais pas seulement, puisque le rebond des prix a pris aussi en compte le recul inattendu des stocks stratégiques américains, de 4.9 millions de barils au lieu de 1.5 million de barils, supposé auparavant, ce qui a eu l’effet positif sur les prix en coïncidence avec les pourparlers de l’Opep+.
Même si le respect des quotas a été entier de la part de la majorité des pays producteurs concernés, le résultat est dû aussi à des évolutions connus dans certains pays. Il y a ceux qui font face à l’embargo américain comme l’Iran et le Venezuela qui voient leurs exportations diminuer drastiquement, ce qui a été partiellement compensé par des mobilisations des capacités de production de certains autres pays comme l’Arabie Saoudite.
D’autres pays gros producteurs ont eu à produire plus que leurs quotas officiels comme c’était le cas du Nigéria, au même temps que les difficultés dans certains pays petits producteurs, ce qui les a empêchés d’atteindre leurs quotas, comme l’Algérie. Reste que faire face à la production du pétrole de schiste américain est l’objectif principal qui conduit les pays, surtout ceux de l’Opep à chercher une meilleure gestion de la production en faveur d’un maintien d’un niveau de prix plus élevé.
Abdelkader Mechdal