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L’Accord de Partenariat Algérie-Union Européenne en pleine révision : vers une relation équilibrée et redynamisée

Signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, l’Accord de Partenariat entre l’Union européenne (UE) et l’Algérie est aujourd’hui en phase de révision. Alors que l’Algérie cherche à diversifier son économie et à renforcer sa position sur la scène internationale, l’UE aspire à sécuriser ses approvisionnements énergétiques et à stabiliser sa frontière sud. Arslane Chikhaoui, expert en géopolitique, analyse les enjeux de cette redynamisation et les défis à relever pour parvenir à un partenariat équilibré et mutuellement bénéfique.

Un accord à rééquilibrer

L’Accord de Partenariat UE-Algérie, signé en 2002, visait à renforcer les relations commerciales, politiques et culturelles entre les deux parties. Pour l’Algérie, il s’agissait d’une opportunité de se repositionner sur la scène internationale et de diversifier son économie, fortement dépendante des hydrocarbures. Pour l’UE, l’objectif était de créer une zone de stabilité et de prospérité à sa frontière sud, tout en sécurisant ses approvisionnements énergétiques et en maîtrisant les flux migratoires.

En 2011, une première révision partielle de l’accord a reporté le démantèlement tarifaire de certains produits jusqu’en 2020. Cependant, dès 2015, l’Algérie a exprimé sa volonté de revisiter l’accord, jugeant ses termes déséquilibrés. Les négociations qui ont suivi ont abouti à la définition de priorités communes, notamment en matière de dialogue politique, de développement socio-économique, de partenariat énergétique et de lutte contre le terrorisme.

Malgré ces efforts, les échanges commerciaux entre l’UE et l’Algérie ont connu un net recul ces dernières années. Les exportations européennes vers l’Algérie sont passées de 22,3 milliards d’euros en 2015 à 14,9 milliards d’euros en 2023, reflétant les tensions persistantes entre les deux parties.

Entre appréhension et incompréhension

Depuis 2021, la Commission européenne critique les mesures restrictives mises en place par l’Algérie, notamment les certificats d’importation et les licences jugées « arbitraires ». Ces mesures, destinées à stimuler la production locale, ont compliqué les opérations des entreprises européennes et freiné les investissements directs étrangers (IDE).

Selon l’expert en géopolitique, l’économie algérienne n’était pas préparée à un démantèlement tarifaire aussi rapide. « La perception de l’Accord de Partenariat par l’Algérie est celle d’un accord déséquilibré, centré sur le libre-échange plutôt que sur la coopération et les IDE », explique-t-il. Cette situation a conduit l’Algérie à geler certains accords commerciaux, comme ceux avec la Turquie et le Royaume-Uni, et à adopter une approche prudente face à la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF).

Du côté européen, les critiques portent sur le retard des réformes économiques en Algérie, la complexité administrative et le manque de protection de la propriété intellectuelle. En retour, l’Algérie reproche à l’UE des conditions de signature déséquilibrées et un manque de soutien dans son processus d’accession à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Une relation commerciale en déclin

Avec 59,1 % de ses échanges réalisés avec l’UE, l’Algérie reste fortement dépendante de son partenaire européen. Cependant, la structure des échanges révèle une économie encore trop centrée sur les hydrocarbures, avec une balance commerciale déficitaire pour la plupart des autres produits.

Les IDE en Algérie restent faibles, en partie à cause d’un climat des affaires perçu comme défavorable. Selon Arslane Chikhaoui, « les réformes engagées par l’Algérie, notamment dans le cadre du nouveau code des investissements, sont encourageantes, mais leur mise en œuvre reste un défi majeur ».

Vers un nouveau partenariat

La révision de l’Accord de Partenariat offre une opportunité unique de redéfinir les relations entre l’UE et l’Algérie. Pour Arslane Chikhaoui, « le démantèlement tarifaire ne peut plus être le seul moteur de cette coopération. Il faut privilégier un dialogue constructif et une approche à long terme, tenant compte des réalités économiques et géopolitiques actuelles ».

Les déclarations du Président algérien en 2020 vont dans ce sens : « Nous ne pouvons pas renoncer à l’Accord de Partenariat avec l’UE, mais nous devons le réviser pour protéger notre économie ». Cette volonté de rééquilibrage s’inscrit dans un contexte post-Covid et de recomposition géopolitique en Méditerranée.

Un équilibre à trouver

La redynamisation de l’Accord de Partenariat UE-Algérie passe par un équilibre entre protection de la production locale et ouverture aux investissements étrangers. Pour Arslane Chikhaoui, « les IDE et la mise en place d’un nouveau modèle économique algérien, centré sur un État régulateur et une coopération public-privé, seront les clés d’une relation équilibrée et prospère avec l’UE ».

Dans un monde en mutation, ce partenariat revu et corrigé pourrait devenir un modèle de coopération euro-méditerranéenne, à condition que les deux parties parviennent à surmonter leurs divergences et à construire un avenir commun.

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