L’Afrique en quête de dynamisme pour exploiter ses richesses pétrolières et gazières
Selon Per Magnus Nysveen, associé principal chez Rystad Energy, l’Afrique pourrait dominer les découvertes mondiales de pétrole et de gaz dans les trois prochaines décennies. Forte de 125 milliards de barils inexploités, représentant 7,2 % des réserves mondiales, le continent est promis à un avenir énergétique considérable. Cependant, malgré cet immense potentiel, l’Afrique reste l’une des régions les moins actives dans le domaine de l’exploration et de la production pétrolière, se classant en dernière position au niveau des plateformes de forage en activité, d’après des données récentes de Statista.
Ce retard met en lumière l’urgence pour l’Afrique d’améliorer son attractivité pour les investisseurs internationaux. Le continent peine en effet à offrir un cadre favorable aux investissements, avec des cycles d’octroi de licences encore trop rares, limitant ainsi l’implantation durable des entreprises de l’industrie pétrogazière et la création de projets majeurs.
Pourtant, dans un contexte de demande énergétique mondiale croissante, cette prévision de Rystad Energy représente un véritable atout stratégique. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que si les politiques actuelles se poursuivent, la demande de pétrole pourrait dépasser les 100 millions de barils par jour d’ici 2050. Cette perspective pousse certains pays africains, comme le Nigeria, à entreprendre des initiatives pour stimuler le secteur. Premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria a récemment ouvert un appel d’offres pour 12 nouveaux blocs pétroliers, marquant son premier cycle depuis 2007. En parallèle, un cadre législatif destiné à attirer des investissements dans le secteur gazier en eaux profondes a été introduit au Parlement, visant à générer 5 à 10 milliards de dollars à court terme.
De leur côté, l’Égypte et d’autres pays commencent à se démarquer avec des approches proactives en matière d’appels d’offres. La société publique du gaz égyptien (EGAS) a lancé un cycle pour 12 nouveaux périmètres d’exploration, cherchant à attirer les grandes entreprises internationales dans ses bassins onshore et offshore. En revanche, d’autres pays comme l’Angola et le Mozambique, malgré des ressources énergétiques prometteuses, peinent encore à offrir une stabilité politique et un régime fiscal attrayant, selon les observations de Rystad Energy.
L’Afrique pourrait par ailleurs bénéficier des pressions exercées sur les bassins pétroliers plus matures, tels que la mer du Nord, où les projets deviennent coûteux sous l’effet de la transition énergétique. Face aux exigences climatiques imposées aux pays développés, l’Afrique plaide pour une « justice énergétique », soulignant que les économies émergentes ne doivent pas être soumises aux mêmes contraintes. Cependant, pour tirer parti de cette conjoncture favorable, les gouvernements africains doivent s’efforcer d’établir une stabilité réglementaire et de moderniser leurs infrastructures, éléments essentiels pour attirer les investisseurs étrangers.
L’avenir de l’Afrique comme pôle pétrolier mondial reste suspendu aux choix stratégiques des dirigeants. Sans une volonté forte pour multiplier les cycles de licences et renforcer les infrastructures locales, l’opportunité de transformer ce potentiel en succès risque de s’évanouir. Le continent doit faire preuve d’ambition et élaborer des politiques énergétiques claires pour maximiser ses chances de devenir un acteur incontournable sur la scène énergétique mondiale.