L’agriculture et le secteur agroalimentaire en chiffres

Par Omar Bessaoud
Au 1er janvier 2018, la population algérienne comptait 42,4 millions d’habitants, dont la moitié a moins de 25 ans, et les extrapolations de l’ONS prévoient 51 millions et plus de 70 millions d’habitants respectivement en 2030 et à l’horizon 2050.
En un demi-siècle la population algérienne a été multipliée environ par 4. Le taux de croissance de la population qui dépassait les 3% annuellement dans les années 1970-1980 est descendu à 1,4% dans les années 1990 annonçant une phase de transition démographique vite démentie par les données des années 2010 qui ont vu ce taux remonter à 2,1%. Malgré cette évolution démographique, on constate une évolution positive de l’indice du développement humain qui s’établit à 0,754 en 2017.
L’Algérie se trouve ainsi classée dans la catégorie des pays ayant un niveau de développement humain élevé. Elle occupe en 2017 la 85e place sur les 189 pays classés par le Pnud. Au plan maghrébin, l’Algérie devance le Maroc (123e place) et la Tunisie (95e place) et son IDH est supérieur à la moyenne de 0,699 obtenu par les pays arabes.
Un basculement historique s’est opéré au tournant de ce XXe siècle : en effet, alors que moins du tiers de la population algérienne était urbaine au milieu des années 1960, la tendance au déclin historique de la ruralité émerge dans les années 1980.
Le rapport rural-urbain s’est définitivement inversé dans les années 1990 au profit de l’urbanisation qui concentre aujourd’hui plus de 72% de la population (ONS, 2018). Et, phénomène inédit, un processus de déclin de la population rurale en termes absolus est même enregistré en Algérie au cours de la dernière décennie (- 0,4%).
En 2016, les 12 wilayas 2 du Sud algérien, avec une densité de moins de 20 hab./km², représentaient 89% de la superficie du pays pour à peine 13% de la population. Les 36 wilayas du Nord, avec une densité supérieure à 20 hab/km², représentaient 11% de la superficie du pays et regroupaient 87% de la population. A ce déséquilibre Nord-Sud s’ajoute un déséquilibre littoral – arrière-pays : 40% de la population algérienne occupe 1,7% du territoire. Selon l’heureuse formule du démographe Kamel Kateb, «les populations sont à l’étroit sur un vaste territoire» (Kateb, 2005).
1.2. Données macro-économiques et sociales
Depuis plusieurs décennies l’économie algérienne est tributaire de la rente des hydrocarbures et toutes les lois de finances reposent sur l’évolution du cours du pétrole. En 2017, les exportations d’hydrocarbures et de gaz représentent 95,7% des recettes d’exportations totales du pays. Celles ci ont cependant sensiblement baissé ces dernières années du fait du repli des cours du pétrole sur les marchés mondiaux : le prix moyen du baril de pétrole algérien est passé de 111 dollars le baril en 2012, à près de 45 dollars en 2015 et 2016, pour remonter à 70 dollars en 2018.
Dans son rapport de juin 2018, le Fonds monétaire international estime le PIB algérien en 2018 à 188,3 milliards de dollars, et affiche une prévision de 200,2 milliards de dollars en 2019, soit près de deux fois le PIB de 2005 (100,3 milliards de dollars).
Sur la période 2000-2017, le taux de croissance en Algérie était en moyenne de 3% mais, du fait de la chute des prix du pétrole, la croissance s’est ralentie ces dernières années et, dans son rapport de juin 2018, le FMI estime ce taux de croissance à 1,7% en 2017, 2,5% en 2018 et prévoit un taux de croissance de 2,7% en 2019, et de 0,5% en 2023.
Une dépréciation continue de la monnaie nationale
La monnaie nationale, le dinar algérien (DA) a connu de très fortes dévaluations au cours de ces dernières décennies. En 2018, un dinar algérien valait en moyenne annuelle 0,008553 dollars et 0,007246 euro, soit un dollar pour 116,91 DA et un euro pour 138 DA. De 2001 à 2018, la valeur du dinar algérien a fortement chuté tant en euro qu’en dollars, accusant une baisse respective de 32% et de 45%. Cette dépréciation qui s’est accentuée depuis 2015 et se poursuit en 2019 a amélioré la compétitivité des exportations algériennes hors hydrocarbures et créé une protection à l’entrée face aux produits concurrents importés. Par contre, elle a aussi contribué à l’augmentation des coûts de production, notamment dans le secteur agricole et agro-alimentaire, via l’importation d’intrants agricoles (engrais, produits phytosanitaires, engrais, matériels…) et aggravé la facture alimentaire.
Sur le marché parallèle, la dépréciation est encore plus forte : en juin 2018 le dollar était coté à 190 DA et l’euro à 210 DA. Or, bon nombre de produits vendus aux consommateurs s’alignent sur le cours parallèle accélérant le processus inflationniste.
Une politique de transferts sociaux, garantie de la paix sociale
En Algérie, l’Etat apporte un soutien budgétaire à des services non marchands (santé, éducation, formation) et marchands (logement, eau, transport, énergie, produits alimentaires). Il faut signaler également les aides aux personnes nécessiteuses, les pensions versées aux personnes âgées, ainsi que les allocations familiales. Il subventionne enfin l’emploi en accordant aux entreprises d’importantes facilités financières et fiscales et d’importants abattements sur les cotisations sociales à leur charge. Ces transferts sociaux ont atteint 1 625 mds de DA en 2017 (12,9 mds de dolars) contre 1 239 mds de DA (16,6 mds de dollars) en 2010. Ce montant a été porté à 1 760 mds de DA (13,7 mds de dollars) durant l’exercice 2018, en hausse de près de 8% par rapport à 2017. Ils représentent 8,2% du PIB, et environ 21% de la totalité du budget de l’Etat, qui est proche de 8 560 milliards de DA. Les transferts sociaux budgétisés pour 2019 ont été fixés à 1 772,5 milliards de dinars. Le taux des transferts sociaux ont atteint 22,8% du budget général de l’Etat sur la période 2000- 2004, 24,5% sur la période 2005-2009, 25% du budget de l’Etat en 2010-2015 et 23% en moyenne sur les années 2016 et 2017. Les chiffres officiels contenus dans le plan d’action du gouvernement présenté à l’Assemblée populaire nationale (Le Parlement algérien) font état à la fin de l’année 2017 d’une dépense publique de 70 mds de dollars entre 2000 et 2004, de 193,8 mds de dollars entre 2005 et 2009, de 202,41 mds de dollars de 2010 et 2014, et de 64,3 mds de dollars de 2015 à 2017. Au total, les programmes de développement ont nécessité durant la période allant de 2000 à 2017, une enveloppe de 530,5 mds de dollars, dont une grande partie en devises. Pour le budget de fonctionnement et de gestion pour la même période, on évoque une dépense de l’ordre de 649,9 mds de dollars, soit au total 1 180,4 mds de dollars. Ces dépenses publiques conjuguées à la baisse des recettes issues de la vente des hydrocarbures ont largement contribué à l’épuisement, au cours de l’année 2017, de l’épargne placée dans le fonds de régulation des recettes pétrolières (FRR).
A suivre