Par Zahir Radji
La crise que vit l’Algérie est une chance pour développer une nouvelle stratégie et mettre des mécanismes adaptés afin d’assurer une véritable transition économique, a affirmé, Taïeb Hafsi de l’EHEC de Montréal lors d’une conférence E-matinal du cercle de réflexion autour de l’entreprise (Care), placée sous le thème : «L’Algérie dans l’expectative : la transition vers une économie dynamique».
La vision de l’Algérie de demain, dira-t-il, doit être concrète et ambitieuse. «Notre pays a besoin d’optimisme et donc d’une vision économique qui porte cet optimisme. Le gouvernement est appelé à formuler une vision claire pour surmonter le découragement», explique-t-il.
M. Hafsi est catégorique dans exposé : «On ne peut développer l’économie si on l’emprisonne dans des carcans idéologiques rigides comme socialisme et capitalisme. Il vaut mieux adopter une démarche pragmatique. Elle ne peut pas non plus fonctionner si le carcan administratif domine la vie du citoyen. La décentralisation et la simplification sont des nécessités impérieuses».
Ce chercheur algérien installé au Canada depuis une vingtaine d’années a soulevé dans son exposé les points forts et faiblesses de notre pays. «Notre hypothèse est que l’Algérie a une population dynamique, industrieuse, ambitieuse et capable de travailler fort, si les conditions sont adéquates donc respectent les principes évoqués plus tôt. Les sacrifices des émigrés au cours des décennies écoulées attestent de ces caractéristiques. L’Algérie a aussi une diaspora de qualité et en plein développement, porteuse des valeurs de travail et d’ambition, dont les liens avec le pays d’origine sont forts. La situation économique est paradoxale. Elle est problématique, comme nous l’évoquions plus tôt. Mais elle est, par certains aspects, encourageante. Le problème, qui a mené au constat évoqué plus tôt, est la pauvreté du management. En effet, même si bien intentionnés, les départements de l’État fonctionnent en silo, sans coordination. Ils émettent des règles qui se contredisent et jettent le trouble chez les acteurs économiques et ce, dans tous les domaines où l’État pourrait aider le développement économique (foncier industriel, autorisations d’activité, subvention», a-t-il détaillé.
Le conférencier a suggéré de mettre en place une vision pour les 20 prochaines années, soit à l’horizon 2040, dont notre pays sera un pays développé avec 75% du PIB, de celui de la moyenne européenne, utilisant deux plateformes mondiales : énergie renouvelable et la logistique.
Des industries de bases technologiques florissantes, des industries de haut gamme à forte de croissance et avec une agriculture moderne qui satisfait 70% des besoins alimentaires du pays.
L’Algérie jouera des rôles de premier plan comme intermédiaire entre les économies européenne et africaine.
Ainsi, il sera un pays méritocratique basé sur l’éducation et la santé, valorisant la liberté d’entreprendre et l’encouragement des initiatives économiques par les entreprises et les citoyens et ce sera un pays qui mettra l’accent sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Au plan organisationnel, ajoute-t-il, l’économie, l’éducation et la santé seront décentralisées et mises sous la responsabilité des régions et enfin, l’Algérie va devenir un pays influent dans le bassin de la Méditerranée sur le plan économique.
Par ailleurs, le même expert a préconisé également de travailler à l’élaboration d’une constitution que ne change pas avec l’arrivée à chaque fois d’un nouveau président, de décentraliser les initiatives et des pouvoirs, de valoriser la liberté dans tous les domaines notamment celui de l’économie, de valoriser la justice, simplifier les procédures économiques et orienter les entreprises publiques vers des industries stratégiques et émergentes.