L’Algérie à la croisée des chemins

Impasse politique, crise économique, absence de visions
La situation économique de l’Algérie est de plus en plus inquiétante. Tous les voyants sont au le rouge. Les réserves de change ne cessent de se détériorer, passant de 194 milliards de dollars en 2014 à 79 milliards en janvier 2019, la hausse vertigineuse de la dette intérieure, avoisinant les 40% du PIB, alors que normalement, elle ne devrait pas dépasser les 5%… Autrement dit, tous les chemins mènent vers le retour à l’endettement extérieur, si la situation reste inchangée au-delà de 2020.
Par Zahir R.
La situation économique en particulier risque de se compliquer davantage si la crise politique «perdure» encore dans le temps, a mis en garde l’ex-ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa. «Nous sommes à la croisée des chemins et nous n’avons pas beaucoup de temps à perdre. Soit on procède dans l’immédiat à la résolution de la crise économique, à travers la mise en place des réformes structurelles ou alors on continue de vivre dans l’incertitude», a-t-il dit lors d’une émission TV à l’APS.
Cet économiste et cadre de l’Etat s’est interrogé sur la partie qui va élaborer la loi de finances de l’année prochaine, notamment avec l’absence d’un président de la République élu par le peuple et d’un gouvernement reconnu. «Si nous entamons l’année 2020 avec les mêmes données, on sera dos au mur et le peuple algérien vivra la plus dure période de son histoire», a-t-il prédit. M. Benkhalfa a critiqué les anciennes politiques économiques engagées par les gouvernements de Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia pour la gestion des affaires de l’Etat, après le recul drastique des prix du pétrole depuis 2014.
Dans ce cadre, il a affirmé que les stratégies de ces gouvernements étaient conjoncturelles et les décisions prises pour réduire les dépenses et déficit budgétaire inappliquées sur le terrain. Faute de décision politique visant l’achat de la paix sociale. Ces politiques «populistes», à travers la généralisation du système de subvention de produits alimentaires, énergétiques et autres services à tous les catégories de la société, ont contribué à la hausse des dépenses et à l’érosion des réserves de change. L’économiste et financier, Djamaa Nabil a affirmé pour sa part que l’Algérie recourt aux réserves de change pour combler le déficit de la balance du paiement dans le commerce extérieur. « Depuis 2014, on dépense 20 milliards de dollars de nos réserves de change et 20 milliards de DA pour le paiement de la dette des entreprises publiques. Les mesures prises par le gouvernement pour la préservation de nos ressources financières n’ont pas donné les résultats escomptés. Devant cette situation, il est alors impératif de revoir notre politique et de traduire en justice les responsables (Al-Essaba, la bande) de ces crimes économiques», a-t-il souligné, avant d’ajouter : «Si on ne rationalise pas les dépenses publiques, l’Algérie se dirigera vers l’endettement extérieur». Les deux économistes étaient unanimes à appeler à l’organisation de l’élection présidentielle dans les brefs délais afin d’entamer les réformes nécessaires et faire sortir notre économie de son marasme.
Pour ce faire, ils ont préconisé la mise en œuvre d’un système de subvention ciblé, l’amélioration du climat des affaires, la libération de l’investissement notamment pour les étrangers, l’ouverture des capitaux des entreprises publique, la modernisation du système bancaire afin de capter la masse monétaire (50 milliards de dollars) de l’informel, trouver des solutions pour absorber l’argent mobilisé par la planche à billets et la dynamisation de la Bourse d’Alger.