
Par Abdelkader Mechdal
Au temps où la grande crise de l’énergie s’installe durablement dans les pays grands consommateurs d’Europe, le passage du gaz nigérian via les installations algériennes déjà opérationnelles, offre au partenaire africain une opportunité unique pour atteindre ses clients du nord de la méditerranée et valoriser ses exportations, mais aussi à l’Algérie d’optimiser la rentabilisation de ses gazoducs.
Tous les indicateurs en relation avec l’approvisionnement en énergie des marchés de pays consommateurs en Europe, démontrent de la crise qui s’installe chez eux, suite à des évolutions n’arrangeant pas les plans de sécurisation déjà établis. Les éoliennes à l’arrêt en Angleterre font que le mix énergétique de ce pays ne représente que 7% contre 25% en moyenne en 2020, donnant cette perte considérable en production. Même constat dans 7 pays de l’Europe occidentale, à la tête l’Allemagne qui a vu ses capacités de production d’électricité à partir de ses éoliennes descendre à moitié de sa moyenne en 5 ans, et voit le prix grimper de 48% sous le cumul de plusieurs facteurs, dont la pénurie du gaz naturel à cause des incendies en Sibérie et les maintenances continues en Norvège, de l’explosion du cours du charbon et du manque de vent, une situation qui impacte aussi la France qui enregistre une hausse des tarifs de l’électricité de l’ordre de 36%.
La solution la plus en mesure de répondre à la demande supplémentaire enregistrée dans ces grands pays consommateurs d’énergie, est leur approvisionnement de quantités plus importantes en gaz naturel comme une alternative fiable et disponible de pays à potentiel important, à l’instar de la Russie via le gazoduc North Stream 2 dont les travaux vont être achevés la semaine en cours, mais aussi de pays d’Afrique comme le Nigéria qui veut concrétiser sa venue comme exportateur via gazoduc en Europe occidentale au plus vite pour profiter de la consolidation des prix, ce qui là mène à accélérer le raccordement au réseau algérien opérationnel, acheminant le gaz vers la rive nord méditerranéenne.
Dans le cadre de ces évolutions positives sur le marché, l’Algérie comme pays producteur et exportateur de gaz naturel, verra sa place sur le marché européen se consolider en passant à l’optimisation de l’utilisation de ses gazoducs en termes de capacités, à partir de son gaz et bien en acheminant le gaz nigérian vers ce même marché. Pour ce qui est de ses ventes propres, l’Algérie aura à bénéficier de l’augmentation des prix à l’international, qui ont vu leur niveau quadrupler en 6 mois, et qui vont connaitre une probable augmentation supplémentaire selon un rapport de Citigroup rapporté par l’agence Bloomberg pour atteindre quelques 100 US$ pour un million d’unités thermiques britannique ce qui équivaut à 580 US$ le baril équivalent pétrole, et ce en prévision d’un hiver sévère ce qui ferait glisser la demande vers la hausse au même temps que les stocks connaissent un recul sous la moyenne de 85% des capacités qui avaient l’habitude de se reconstituer pendant l’été, chose qui n’est pas le cas cette année, ce qui pousse à l’enregistrement de la hausse des prix attendue au dernier quart de l’année. D’un autre coté, l’Algérie aura à s’assurer une meilleure rentabilisation de ses installations grâce aux droits de péage dont elle va en bénéficier en application du contrat d’acheminement du gaz nigérian vers l’Europe.