L’Algérie, avenir du GNL au Maghreb, selon Lynda Bendjiane

Alors que le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) connaît une dynamique sans précédent, portée par la montée des besoins énergétiques et les impératifs de transition vers un mix énergétique plus propre, l’Algérie s’affirme comme un acteur clé dans la région maghrébine et méditerranéenne.
« Le GNL devient un levier stratégique au cœur des équilibres économiques et géopolitiques de la région », affirme Lynda Bendjiane, économiste spécialisée en commerce international. Selon elle, les tensions croissantes sur les capacités d’approvisionnement en énergie dans le Maghreb placent le gaz naturel au centre des politiques énergétiques, avec un rôle structurant pour accompagner la croissance démographique, soutenir l’activité industrielle et sécuriser les réseaux électriques.
Les données confirment cette évolution. En mai 2025, les importations de GNL dans le Maghreb ont enregistré une hausse de près de 12 % par rapport à l’année précédente, traduisant l’importance grandissante de cette ressource dans le mix énergétique régional.
Dans cet environnement concurrentiel, l’Algérie dispose d’atouts considérables. Ses complexes gaziers d’Arzew et de Skikda, dotés d’infrastructures solides et modernisées, lui confèrent une capacité d’exportation significative, lui permettant de satisfaire tant la demande intérieure que ses engagements extérieurs, notamment envers l’Espagne et l’Italie, deux partenaires stratégiques de sa diplomatie énergétique.
À ce titre, les autorités algériennes multiplient les démarches pour renforcer cette position. « L’Algérie adopte une approche proactive en concluant des accords de long terme avec ses partenaires régionaux et méditerranéens », explique Lynda Bendjiane. Une politique accompagnée de projets d’extension de capacités de liquéfaction et de modernisation d’infrastructures, visant à renforcer la flexibilité et la compétitivité de l’offre algérienne sur les marchés internationaux.
En parallèle, l’État s’engage dans la construction de nouveaux terminaux méthaniers et de plateformes logistiques adaptées. Ces infrastructures permettront une meilleure gestion des contrats à long terme tout en offrant la réactivité nécessaire pour tirer parti des marchés spot, où agilité et rapidité d’exécution sont devenues des critères décisifs.
Cette stratégie, bien que tournée vers l’exportation, poursuit également un objectif national : garantir la souveraineté énergétique de l’Algérie et assurer un approvisionnement durable pour l’économie locale. À long terme, elle s’inscrit dans une vision intégrée de la transition énergétique, dans laquelle le gaz naturel liquéfié servira de soutien à l’essor progressif des énergies renouvelables, tout en assurant la stabilité du réseau électrique.
« Le GNL algérien constitue aujourd’hui un pilier essentiel de l’économie nationale », soutient Bendjiane. « À condition de poursuivre la modernisation des infrastructures, la diversification des débouchés et la maîtrise des coûts, l’Algérie pourra s’imposer durablement comme une puissance énergétique régionale. »
Cette trajectoire confirme l’ambition de l’Algérie de jouer un rôle moteur dans l’architecture énergétique maghrébine et méditerranéenne, à un moment où les équilibres sont plus que jamais en recomposition.