L’Algérie doit accélérer l’intégration industrielle

Par Abdelkader Mechdal
Il est vrai que l’exigence d’un niveau d’intégration assez important dans l’élaboration des cahiers des charges, en relation avec la fabrication de produits industriels à forte demande nationale, peut paraître comme une contrainte devant les investisseurs selon les points de vue de certains observateurs, mais cette crainte va se dissiper une fois qu’on se réfère à la nature des produits concernés par la fabrication.
Les nouveaux cahiers des charges, élaborés par le département de l’industrie, touchent essentiellement des produits sous un label mondialement connu, qu’il s’agisse des véhicules, des produits électroménagers ou électroniques, qui auparavant sont commercialisés purement et simplement, en bénéficiant d’un marché ouvert à 100%, sans contrainte aucune, et sans que l’économie nationale ne puisse créer de la plus value à l’interne, sauf dans le domaine de la commercialisation, où les opérateurs algériens, qui ont eu la chance de côtoyer les industriels étrangers, ont pu développer une nouvelle organisation commerciale prenant en compte les normes imposées en fait, par les marques industrielles qu’ils représentaient.
Ces marques sont des produits appartenant à des sociétés en position de concurrence entre un nombre réduit de fabricants, ayant une présence sur les quatre coins du monde. Sans citer des exemples, c’est tout le monde qui peut se référer à des marques mondialement connues en véhicules légers, lourds ou remorquables de différentes utilisations, comme c’est le cas aussi pour les produits électroménagers ou électroniques qui sont présents dans la consommation quotidienne des ménages à travers le monde, et l’Algérie qui ne fait pas exception. Et plus un marché est important, plus ces marques peuvent faire des concessions en relation avec la politique économique de l’Etat, et les ambitions exprimées dans le domaine de l’industrialisation.
Le compromis, qui peut avoir lieu entre le gouvernement et les détenteurs des marques, est l’autorisation de la présence de ces dernières sur le marché national en contrepartie de fabriquer dans certain niveau ces produits à l’interne. Le marché algérien a pu toucher les 5 milliards de dollars d’importation pour les seuls véhicules, en plus de 2 autres milliards de dollars pour le reste des produits durables destinés aux ménages essentiellement, ce qui fait un marché important pouvant se développer en relation avec l’augmentation du nombre des consommateurs et avec l’amélioration du pouvoir d’achat.
En plus, l’intérêt commun entre l’Algérie et ces marques va se développer dans le proche avenir si le pays va pouvoir saisir la grande opportunité de l’ouverture du marché africain aux produits fabriqués dans les pays du continent, c’est-à-dire qu’on va revenir à l’idée initiale qui est de faire augmenter le taux d’intégration pour que le produit puisse prendre l’aspect commercial du «made in Algeria» pour gagner en exonérations sur tout le continent, mais à condition, bien sûr, d’atteindre un taux d’intégration qui ne pourra pas descendre des 60%, pour que le produit soit considéré comme d’origine africaine.
A partir du fait que la concurrence dans ce domaine est ouverte entre les pays africains, l’Algérie a tout intérêt pour développer son industrie, de faire de la fabrication en s’appuyant sur des industriels nationaux et étrangers qui soient capables d’atteindre l’objectif d’intégration le plus important possible, chose qui fait que le taux d’entame de l’ordre de 30% pour bénéficier des avantages octroyés par le code des investissements, est possible à réaliser sachant que les opérateurs nationaux travailleront dans le cadre d’une alliance avec les marques concernées.
Pour ce qui est de l’accès à ce genre de marchés, il doit être soumis à la rigueur de la loi de la concurrence qui fera en sorte d’interdire toute tendance au monopole, ce qui ouvrira le champ à un nombre important d’opérateurs ayant les capacités financières et techniques pour aller dans le sens voulu qui est de l’intégration et la création de la plus value et des postes d’emploi spécialisés au profit d’une économie en manque flagrant de croissance.