L’Algérie et l’Union européenne discutent de tout

Par Essaïd Wakli
Quelques jours après une résolution controversée du Parlement européen portant sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, le gouvernement algérien a eu rendez-vous avec la Commission européenne.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a co-présidé, lundi, la session du Conseil d’association Algérie-UE par visioconférence. Une occasion pour les deux parties de discuter sur tous les sujets. Y compris ceux qui fâchent comme les droits de l’Homme.
C’est d’ailleurs ce qu’a tenu à rappeler le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. «En tant que négociateurs algériens nous sommes assez conscients des manquements en matière de l’application de l’accord d’association notamment dans son aspect commercial. L’essentiel qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre, il est évident que quand il y a un déséquilibre nous intervenons pour le corriger». Il a tenu à préciser ce sujet «que le message de l’Algérie est bien reçu par la partie européenne».
Selon le chef de la diplomatie algérienne, «tous les partenaires européens (France, Italie, Hongrie, Portugal Allemagne…) ayant séjourné récemment en Algérie sont conscients de ce déséquilibre, et ont abordé cet accord en prélude de la réunion d’aujourd’hui».
«Les relations de l’UE avec l’Algérie sont vitales. L’Algérie est la porte de l’Afrique, l’Algérie est aussi un facteur de stabilité dans la région et elle est aussi un marché de 45 millions d’habitants», a souligné le ministre, notant que «l’accord est aussi vital pour l’Algérie particulièrement en termes d’investissement».
«L’Algérie et l’Union européenne vont continuer dans la mise en œuvre de l’accord d’association» qui «ne concerne pas que l’aspect commercial mais d’autres aspects globaux», a-t-il assuré.
De son côté, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekkaï, a indiqué que «les concertations entre l’Algérie et l’Union européenne se poursuivaient toujours dans le but d’évaluer l’accord». «Les premières concertations ont eu lieu au mois de septembre dernier. D’autres concertations techniques ont eu lieu lundi dernier. La réunion d’aujourd’hui sera aussi une occasion pour passer en revue ledit accord et œuvrer pour arriver à un accord sur les données commerciales», a souligné le ministre, notant que «l’Algérie et l’UE ont fait chacune de son côté sa propre évaluation de ce document». Il a rappelé que l’Algérie avait émis «des réserves en 2014 dans le but de sauvegarder la balance commerciale qui était en défaveur de l’Algérie», a fait remarquer M. Bekkaï, notant «que l’Algérie a procédé à l’évaluation de tous les accords commerciaux, à l’instar de celui avec la zone arabe. De son côté, le ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali a indiqué qu’une évaluation de l’accord d’association a été faite au niveau de son département qui a émis «certaines réserves s’agissant de certains segments».
Du côté des Européens, un communiqué diffusé lundi soir par l’Union européenne a estimé que l’accord d’association «offrait la prévisibilité et la stabilité nécessaires», ajoutant avoir «transmis récemment une proposition visant à résoudre le différend en la matière». L’UE a également mis sur la table la question des droits humains, rappelant que la relation bilatérale était fondée notamment sur «le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux ayant trait à l’Etat de droit et au respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales».