L’Algérie exclut le blé français de son dernier appel d’offres
Cette semaine, l’Algérie a écarté les entreprises françaises d’un appel d’offres pour l’importation de 500 000 tonnes de blé, exigeant que les entreprises soumissionnaires ne proposent pas de blé d’origine française. Cette décision, rapportée par l’agence Reuters sur la base de « sources commerciales », semble être liée à la récente montée des tensions diplomatiques entre Alger et Paris.
Selon Reuters, cette exclusion pourrait consolider la position dominante des fournisseurs de la mer Noire, en particulier la Russie, sur le marché algérien du blé. « L’Algérie est l’un des plus grands acheteurs mondiaux de blé et la France a longtemps été son principal fournisseur », rappelle l’agence britannique.
Les relations entre Alger et Paris se sont détériorées après que la France a apporté son soutien, en juillet dernier, à un plan marocain visant à placer le Sahara occidental sous souveraineté marocaine. Ce geste a irrité l’Algérie, fervent soutien du Front Polisario, qui milite pour l’indépendance de cette région. En réaction, Alger a rappelé son ambassadeur en France le 30 juillet.
Mardi dernier, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a lancé un appel d’offres pour l’achat de plus de 500 000 tonnes de blé. Bien que les appels d’offres de l’OAIC soient habituellement ouverts à différentes provenances, incluant le blé français, cette fois-ci, « six sources proches du dossier » ont indiqué que les entreprises françaises n’ont pas été invitées à participer. De plus, les entreprises non françaises ont été priées de ne pas proposer du blé d’origine française.
L’OAIC n’a fourni aucune explication officielle quant à cette décision, mais selon les sources citées par Reuters, elle reflète la détérioration des relations diplomatiques, notamment autour de la question du Sahara occidental.
D’un point de vue économique, Reuters note que le blé français était déjà moins compétitif dans cet appel d’offres, en raison d’une récolte médiocre et de prix plus élevés que ceux du blé russe, devenu le principal fournisseur de l’Algérie. Toutefois, l’exclusion des entreprises françaises les empêche de proposer d’autres origines de blé, et soulève des interrogations sur la durée de cette mesure.
Ce n’est pas la première fois que les tensions diplomatiques affectent le commerce entre les deux pays. Il y a trois ans, un précédent différend avait déjà favorisé l’entrée du blé russe sur le marché algérien, marquant un tournant dans les échanges entre Alger et Paris.
En parallèle, la production de blé en France a connu cette année son plus bas niveau depuis les années 1980, en raison des conditions météorologiques défavorables. Cette baisse des volumes, combinée à une qualité de mouture inégale, devrait réduire considérablement les exportations de la France, premier producteur de blé de l’Union européenne, conclut Reuters.