L’autosuffisance alimentaire, bientôt une réalité ?

Agriculture céréalière
Avec une production record par rapport à celle de la saison passée, l’Algérie est en passe de réussir son pari de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. La récolte céréalière enregistrée cette saison permettra à l’Algérie de se passer de l’importation d’orge et de blé dur, a indiqué le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Cherif Omari, précisant que les quantités récoltées à ce jour dépassaient celles de la saison dernière. «Le marché algérien est suffisamment approvisionné en orge et en blé dur et tous les indicateurs relèvent que le pays pourra se passer de l’importation de ces céréales », a-t-il déclaré.
Par Réda Hadi
Le ministre de l’Agriculture, Chérif Omari, a indiqué qu’il prévoyait que la production céréalière pour la saison 2018-2019 atteigne « un niveau historique jamais enregistré depuis l’indépendance », précisant que les quantités récoltées à ce jour dépassaient celles de la saison dernière, estimées à 27 millions de quintaux. M. Omari a fait savoir que son secteur s’attelait à l’élaboration d’un plan d’action pour le développement de la filière céréalière, notamment le blé tendre, lequel sera soumis au gouvernement conformément aux instructions du Premier ministre.
Un constat confirmé par Oxford Business Group (OBG) dans un rapport publié sur la situation de notre agriculture. L’Algérie a enregistré une production céréalière record au cours de la campagne agricole 2017/2018, récoltant 6,1 millions de tonnes de céréales entre juillet 2017 et juin 2018, soit une augmentation de 74% par rapport aux 3,5 millions de tonnes récoltées au cours de la saison précédente. Cette forte production a permis à l’Algérie d’atteindre avant l’heure l’objectif de produire 5,3 millions de tonnes de céréales par an avant 2022, a indiqué la même source. La production nationale de pois chiches a atteint 34.000 tonnes pendant la saison 2017/2018, contre 12.300 tonnes en 2001, et celle annuelle de lentilles est passée de 458 tonnes à 30.000 tonnes au cours de la même période. La hausse de la production coïncide également avec une importante augmentation des recettes d’exportations des produits agricoles, a souligné OBG, qui fait référence à Ali Bey Nasri, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens, qui avait déclaré que la valeur des exportations agricoles a grimpé de 50% en glissement annuel au cours des premiers mois de 2018. Selon ses prévisions, les recettes d’exportations atteindraient entre 75 et 80 millions de dollars à la fin de l’année 2018 contre 57 millions de dollars en 2017.
Le ministre de l’Agriculture a par ailleurs indiqué, dans la foulée de cette réussite, qu’un groupe de travail chargé de l’élaboration d’une étude approfondie sur les moyens de réduire les importations de blé tendre sera mis en place, précisant qu’il s’agit notamment de rationaliser les importations à travers la régulation du marché des céréales et l’approvisionnement des minoteries. Une commission intersectorielle regroupant les secteurs de l’agriculture, des finances, de l’industrie et du commerce a d’ailleurs été installée récemment à cet effet. Il s’agit aussi, selon le ministre, de booster la production nationale, notamment en étendant la culture de ces céréales au Sud, et de revoir le mode de consommation des citoyens par la rationalisation de la consommation de blé tendre et l’encouragement de la consommation d’orge et de blé dur.
Par ailleurs, conformément aux instructions du Premier ministre relatives à la rationalisation des importations, deux conventions ont été signées récemment entre les ministères de l’Agriculture et des Transports pour promouvoir l’utilisation des navires battant pavillon algérien dans l’importation de blé tendre et de lait en poudre, ce qui permettra de réduire les dépenses en devises.
Il faut préciser aussi que la possibilité d’accès à l’eau a constitué un autre facteur déterminant de la récente expansion de la production agricole : la surface agricole irriguée s’élève actuellement en Algérie à environ 1,3 million d’hectares. Cinq nouveaux barrages et les transferts hydrauliques associés sont entrés en service en 2017 afin de soutenir cette stratégie, a déclaré Arezki Berraki, le directeur général de l’Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT) à OBG. Les cinq barrages disposent d’une capacité de retenue totale de 500 millions de mètres cubes.
La gestion des ressources hydriques constitué une priorité clé pour l’Algérie, qui est désormais en mesure d’améliorer l’irrigation dans plusieurs wilayas