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COMMENTAIRE & CHRONIQUE

Le Bangladesh ou l’Allemagne ?

Chronique écrite par : Malek Harami 

A un ami chef d’entreprise qui regrettait, sincèrement, que les jeunes ne veulent pas travailler, je poserai, tout bêtement, la question suivante : Combien vous les payez ? Et mon ami répond, tout sérieusement : 19.500 DA. Commentaire, tout aussi bête que la question : Monsieur est trop bon !

Quels ingrats ces petits jeunes qui refusent de se lever à 6 heures du matin, de prendre deux ou trois transports, de travailler pour toi de 8 H du matin à 5 H de l’après-midi, de prendre encore deux ou trois transports pour rentrer vers 19 H pour ……. 650 dinars par jour.

La question des salaires mérite un débat sérieux. Sur le plan macro-économique comme et sur le plan micro-économique

A l’échelle de l’entreprise, d’abord : Il s’agit de pouvoir attirer, et surtout, de fidéliser les ressources humaines compétentes.

Un homme ou une femme travaille pour vivre. Satisfaire ses besoins. Les plus élémentaires à la base : se nourrir, louer un appart, se déplacer, payer le gaz et l’électricité, acheter des habits, s’offrir un livre ou un cinoche. Elémentaires quoi, voit-tu ?

Et je ne suis pas sûr qu’avec les niveaux de salaires distribués par nos entreprises qu’on pourra satisfaire ses besoins.

La loi fixe le SNMG, mais personne n’interdit à l’entreprise d’avoir une politique salariale basée sur un minimum d’équité.

Parce qu’avec ces niveaux de salaires, vous n’aurez qu’une main d’œuvre captive : c’est-à-dire ceux et celles qui n’ont pas d’autres choix. Ils vont consentir à travailler pour vous en attendant des jours meilleurs. Sans grande conviction. Ni engagement. Ni implication.

Au niveau national, la question doit aussi être posée. Personnellement, je m’étais abstenu de commenter les propositions des candidats aux élections, la campagne électorale n’étant pas le meilleur moment pour engager un débat sérieux et serein autour de la question des salaires.

Il y a deux considérations à prendre en compte. Au moins.

Le pouvoir d’achat et la compétitivité des entreprises.

Sur le registre du pouvoir d’achat, on joue plusieurs enjeux :

Politique d’abord, en ce sens qu’il s’agit de préserver la cohésion sociale. A ce niveau-là, la revalorisation des salaires doit être combinée avec d’autres actions en vue de réduire la pression sur le budget de l’Etat en matière de subvention des produits de première nécessité.

Economique ensuite, parce qu’il s’agit de l’attractivité du pays pour les investisseurs nationaux et étrangers en termes de potentiel du marché.

En troisième lieu, il faudra rendre le travail en Algérie assez attractif pour pouvoir capter et retenir les compétences nationales et les mettre au service du développement national.

Ingénieurs, développeurs, médecins, chercheurs. Ce flux migratoire à sens unique des compétences algérienne a bien des causes objectives qu’il faut traiter à la base.

Enfin, le PIB à 400 milliards de dollars passera, aussi, par l’accroissement du niveau de la valeur ajoutée des opérateurs économiques, ce qui implique une nouvelle distribution des richesses.

Et tu me poseras la question de la compétitivité des entreprises et de l’attractivité du pays pour les IDE. Je te répondrai que la solution n’est pas des salaires de misère. Les investisseurs sérieux en vont au Bangladesh, mais en Allemagne.

A nous de choisir !

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