Le gouvernement appelé à restreindre les importations

La maitrise de l’utilisation des réserves de change semble irriter encore les pouvoirs publics, dans cette phase cruciale caractérisée par le manque à gagner à l’exportation suite aux effets de la persistance de la mauvaise situation sanitaire liée à la covid-19 qui ne fait que prolonger la crise économique mondiale, et comme répercussion la diminution de la demande sur les hydrocarbures, source unique de la devise pour l’Algérie.
Alors, dans ce contexte, les pouvoirs publics ne trouvent apparemment pas d’autres solutions que de restreindre l’utilisation de la réserve de change, et ce à l’occasion du règlement des importations, puisque la nouvelle décision consiste à soumettre au préalable toute transaction avec l’étranger, à l’approbation du gouvernement, ce qui parait comme une décision extrême et exceptionnelle, qui n’a été utilisée que pendant les conjonctures difficiles qu’a connu le pays, comme c’était le cas au début des années 1990 en parallèle avec l’application du rééchelonnement de la dette externe et en accord avec le fonds monétaire international.
Le travail du gouvernement s’est concentré jusqu’alors sur la gestion restrictive des importations en procédant à interdire carrément le recours à l’achat de produits agricoles de saison, et ce en conformité avec la politique de protection du produit national. Comme a été le cas de suspendre les importations des kits industriels destinés à l’industrie de montage, le temps de réguler le marché national, soit dans le cas de l’automobile ou des électroménagers et autres filières concernées, chose qui a fait barrage à la sortie des devises dans cette situation d’arrêt des approvisionnements à partir de l’étranger. Comme c’était le cas aussi à l’importation des services, qui a fait l’objet d’interdiction, passant à une vision qui veut que les bureaux d’étude algériens prennent le relais, après que l’intervention des opérateurs étrangers a été considérée comme exagérée et source de gaspillage de la devise.
En tous les cas, la décision a été formelle de la part du président de la république à ne pas dépasser un volume d’importations au cours de l’année 2020, de l’ordre de 30 milliards de dollars, avec des instructions orientées tout particulièrement au département du commerce pour minimiser les importations, chose qui a été concluante, puisque le ministère concerné a fait officiellement état de la baisse de la facture d’importation en matière de l’ordre de 7 milliards de dollars au cours du premier semestre de l’année, avec le ciblage d’atteindre 10 milliards de dollars, ce qui est qualifié officiellement de possible malgré sa difficulté. Donc, la tendance globale des décisions gouvernementales est dans le sens de préserver au maximum les disponibilités en devises comptabilisées à la banque centrale, et ce dans le souci de faire face à une année 2021 qui s’affiche difficile, avec des perspectives peu réjouissantes en relation avec l’évolution du marché pétrolier suite aux difficultés de la reprise de la demande mondiale, et le choix de certains grands pays consommateurs de passer aux alternatives des énergies de sources fossiles. En somme, l’Algérie devra remodeler son modèle de production et de consommation en faveur de l’appui de la construction de certaine indépendance vis-à-vis des marchés étrangers.
Abdelkader Mechdal