Le PLF 2019 réveille l’opposition

Productivité, financement non conventionnel, inflation
C’est assez tard dans la nuit que les débats de députés au sujet du projet de loi de finances 2019 ont pris fin par une déclaration laconique du ministre des Finances Raouia qui a affirmé le prix référentiel du baril de pétrole établi à 50 dollars dans le cadre de l’élaboration du projet de loi de finances (PLF 2019) constituait «une mesure prudente», au regard de la fluctuation des cours de pétrole due à divers facteurs économiques et géopolitiques. Les dispositions de ce nouveau PLF ont suscité l’étonnement, sinon le courroux de certains députés de l’opposition qui ont tenu à marquer par leurs objections et suggestions les manquements et lacunes que celui comporte, face à la politique engagée par le gouvernement de relancer la machine pour sortir de l’ornière des recettes des hydrocarbures. Le seul point commun qui unit tous les élus, c’est la nécessité absolue d’accorder et de réserver tous les efforts nationaux à l’économie productive.
En effet, que cela soit dans les travées ou au sein de l’hémicycle, 3 sujets étaient récurrents. La planche à billets, la productivité, inflation.
S’agissant du financement non conventionnel (planche à billets), la peur reste grande face aux risques inflationnistes. D’autant que, selon des députés, le recours à ce procédé sans aucun résultat tangible, est le témoignage de l’échec du gouvernement à faire démarrer la machine productive. Cette question divise l’hémicycle. Si pour la majorité le recours à cette disposition ne peut être que transitoire, pour l’opposition il s’agit d’un aveu de faiblesse de la politique gouvernementale, et les risques de la dépréciation du dinar par rapport aux autres monnaies restent élevés. Les députés de l’opposition ont insisté également sur l’importance d’éviter le recours à la planche à billets ou au financement non conventionnel pour pallier le recul des cours pétroliers avec ses retombées négatives qui risqueraient d’entraver le projet du gouvernement visant à construire une économie productive hors du secteur des hydrocarbures. Certains élus ont estimé que le recours excessif au financement non conventionnel avait dépassé grandement le seuil fixé par le gouvernement avec plus de 3 500 milliards de DA imprimés après une année de son adoption, appelant à la création d’une instance de contrôle relevant de l’APN au lieu d’une instance administrative pour assurer la transparence.
La valeur du dinar a été soulevée par des élus qui ont déploré l’absence d’une réflexion pour trouver des solutions efficaces afin de maîtriser ce phénomène dans le cadre du projet de loi de finances 2019. Le recours à la planche à billets est un point sensible, et l’opposition a saisi l’occasion pour demander la garantie de mécanismes et de lois nécessaires pour améliorer le climat des affaires en Algérie, et partant, contribuer à l’émergence d’une économie diversifiée basée sur un partenariat effectif entre les secteurs public et privé.
De même que l’assainissement financier des institutions de l’Etat, sans recourir à la Banque centrale d’Algérie (BA) et en évitant le financement non conventionnel, et l’impératif de maîtriser l’inflation et de moderniser le secteur des impôts notamment au niveau local (les communes), est une obligation pour relancer une économie de production qui ne s’est pas encore trouvée.
Le développement local a été un centre de discussions par lequel des exigences ont été émises et l’absence de clauses dans le PLF 2019 qui s’intéressent au développement des régions montagneuses et rurales à l’instar de la poursuite du financement des programmes de développement des régions du Sud et des Hauts-Plateaux, a été mise en relief
Un député de l’Union majoritaire s’est questionné sur l’absence de développement dans plusieurs régions intérieures en dépit de l’affectation de budgets importants dans les précédentes lois de finances, qualifiant cela de marginalisation des régions rurales et de leurs habitants.
Dans cette optique, certains ont estimé inconcevable que le financement des programmes de développement des communes soit augmenté de 50% dans le cadre de la loi de finances 2018 sans pour autant percevoir une amélioration du niveau de vie des habitants de plusieurs régions du pays», notamment les régions éloignées. Pour un autre, le désenclavement des régions, passe par une justice fiscale, car, il est «inadmissible» que les investisseurs dans certaines régions du pays bénéficient de l’exonération fiscale pendant dix ans, alors qu’elle est de trois ans seulement dans d’autres régions.