Le prix du pétrole loin de satisfaire les pays de l’OPEP

Les prévisions de la consommation mondiale révisée à la baisse
Tant que l’évolution de la demande mondiale de pétrole est revue constamment à la baisse, les prix affichés actuellement sur les marchés témoignent d’une situation de stagnation, qui peut perdurer, et que le retour à un meilleur niveau des prix ne sera accessible que difficilement et sera lié essentiellement à l’évolution de la production et de la commercialisation du pétrole de schiste.
Les prévisions de la croissance de la demande de pétrole en 2020 laissent croire que la consommation verra une évolution entre 900.000 et 1 million de barils/jour, et ce, en révision à la baisse des chiffres en liaison avec les difficultés de reprise économique mondiale, mais pas seulement, puisque l’attitude des Américains envers les plus grands consommateurs, à leur tête une puissance économique redoutable comme la Chine, en maintenant des tensions avec elle sous forme de sanctions commerciales, fait accentuer les difficultés devant la reprise tant attendue de la croissance et, de là, celle de la consommation énergétique aussi.
La révision à la baisse des perspectives de la consommation de pétrole fait diminuer de 300.000 barils/jour les estimations de la demande faites par les analystes sur les principaux marchés, du niveau établi auparavant de l’augmentation de la demande de 1,3 million de barils/jour. Pour les principales banques en relation avec l’évolution des transactions pétrolières, cette évolution sera plus faible, tombant sous la barre de 1 million de barils/jour, confirmant ainsi une tendance baissière de la consommation mondiale et, de là, la tension sur la production de brut aussi.
Cette situation explique en fait, la stagnation constatée sur les marchés quant à l’évolution des prix puisque l’équilibre tourne depuis des mois autour de 60 dollars américains le baril, avec des moments d’augmentation au-dessus et d’autres au-dessous de ce prix. Un niveau de prix qui a été qualifié par les producteurs d’insuffisant, et, malgré l’ajustement du niveau de la production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), cela semble être loin de donner des résultats conséquents sur les prix, ce qui confirme la mainmise des Américains sur les évolutions sur le marché.
Et justement, c’est à partir de cette mainmise qu’une brèche d’une possibilité d’amélioration du niveau des prix est apparue, et ce, en relation avec les rapports qui confirment que la production de pétrole de schiste, qui constitue la moitié des 12 millions de barils/jour produits par les Etats-Unis d’Amérique, rencontre des difficultés financières intenses à cause de la faiblesse des prix du pétrole sur les marchés. Le nombre des sociétés américaines activant dans le schiste, qui ont déclaré faillite jusqu’à la mi-aout dernier, est de 26, approchant ainsi le nombre de l’année passée, ce qui témoigne de la difficulté à atteindre un niveau de rentabilité permettant de maintenir leur activité.
Cette donne devra pousser les autorités américaines à changer d’attitude et permettre plus de souplesse pour une meilleure valorisation des prix, à l’instar de cette déclaration émanant hier samedi du gouverneur de la Federal Reserve, qui annonce un accompagnement de la croissance, ce qui a permis un rebond de 1% pour atteindre 61.56 dollars le baril de brut américain. En tout état de cause, si les pertes subies par les producteurs de schiste persisteraient, cela donnerait une ultime chance pour la valorisation des prix du brut, mais cette situation reste insuffisante pour que les prix atteignent le niveau qui pourrait satisfaire les autres producteurs, surtout au sein de l’OPEP.
Abdelkader Mechdal
Economiste