«Le Trésor public est toujours sous pression»
Tous les voyants de l’économie nationale sont au rouge. Selon les chiffres du ministre des Finances, Mohamed Loukal, le Trésor Public est toujours sous pression et les réserves de change continueront à s’éroder pour atteindre les 51 milliards dollars à décembre 2020.
La conjoncture mondiale marquée par des conflits commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis, le Brexit en Grande-Bretagne et la baisse drastique des prix du pétrole depuis 2014 influent négativement sur la croissance mondiale, en particulier sur les pays exportateurs du pétrole, a indiqué M. Loukal devant les députés de l’APN lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF-2020).
D’ailleurs, les rapports des institutions mondiales prévoient, indique-t-il, des difficultés financières dans les années à venir dans la trésorerie de ces pays, d’où la nécessité d’aller chercher de nouvelles ressources financières afin de faire face à cette crise.
M. Loukal a fait savoir, dans ce cadre, qu’outre le recul du prix moyen du pétrole de 73 dollars en 2018 à 66,1 dollars en 2019, le volume des exportations des hydrocarbures a reculé de près de 12% cette année contre 7,7% en 2018. Ceci, souligne-t-il, «nous mènera à entreprendre des mesures pour la préservation des grands équilibres du pays, à travers la rationalisation des dépenses comme ce qui a été prévu dans le projet de loi de 2020».
Le ministre des Finances a rassuré, en outre, que le gouvernement ne va pas recourir au financement non conventionnel courant 2020. Il a rappelé que ce mode de financement «planche à billets» a permis au Trésor public de financer le déficit budgétaire des années 2017, 2018 et 2019 et de verser près de 5 945 milliards de DA sur les 6 556 milliards mobilisés dans le Conseil national de l’investissement (CNI).
Selon le premier argentier du pays, il reste encore dans les caisses de l’Etat près de 610 milliards de DA qui assureront la couverture des dépenses de l’année courante. Toutefois, la dette intérieure a connu une hausse inquiétante. Elle avoisine les 8 580 milliards de DA en 2019, soit 41% du PIB.
En dépit de cette situation, le gouvernement a maintenu le système de la subvention pour l’exercice prochain, tout en consacrant un budget important (1 797,6 milliards de DA, soit 8,6% du PIB) pour les transferts sociaux, soit en baisse de 1,2% par rapport à 2019.
«Nous devons impérativement consolider nos équilibres budgétaires interne et externe du pays, à travers la mise en place d’un mécanisme adéquat, tout en poursuivant notre aide et soutien aux couches vulnérables, la préservation du pouvoir d’achat, maintenir le niveau d’investissement afin d’augmenter la croissance économique et la rationalisation des dépenses publiques», a-t-il détaillé.
Par ailleurs, le ministre du Finances a indiqué que le PLF-2020 consacrera un budget de 2 900 milliards pour les salaires, en hausse de 14,30 milliards par rapport à 2019. «Nous avons mis en place des mécanismes pour la gestion de la masse salariale, à travers le remplacement de 1 à 5 de départs à la retraite, à l’exception des secteurs stratégiques», a-t-il souligné. Il est prévu également, ajoute-t-il, la création de plus de 2 millions de postes d’emploi, notamment dans les secteurs de l’éducation, l’enseignement supérieur, la santé et la formation professionnelle.
Par Zahir R.