Les assurances du Président Tebboune

Par Arezki Louni
Le plan de relance économique, la situation financière du pays, le secteur de l’automobile et les préparatifs pour le mois sacré du Ramadhan ont été les principaux dossiers abordés par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, dimanche dernier lors de son entrevue avec deux représentants de la presse nationale.
À quelques jours du mois sacré du Ramadhan, le Président Tebboune a évoqué les perturbations que connaissent certains produits alimentaires de base, tel que l’huile de table, estimant que ces pratiques visaient à «torpiller la stabilité du pays». Ces parties doivent cesser ces basses manœuvres, a-t-il mis en garde, ajoutant : «Si non elles paieront chère». «Nul n’est au-dessus de la loi», a-t-il martelé. Se voulant rassurant, le chef de l’Etat a tenu à souligner que les stocks des produits alimentaires sont suffisants et les capacités financières disponibles pour répondre aux besoins de consommation des citoyens, appelant à s’abstenir de la frénésie d’achat à la veille du Ramadhan. Il a fait savoir que le stock en huile de table, à titre d’exemple, était suffisant pour plus de trois mois et que l’Etat avait des stocks stratégiques permettant de répondre à tous les besoins alimentaires des citoyens. Faisant le parallèle avec ce qui s’est passé en 2020 avec la semoule, le Président a fait observer que dans certaines wilayas, la semoule était disponible à des volumes beaucoup plus élevés que les besoins, «au point où cette denrée avait été jetée dans les décharges d’ordures, ce qui prouve que le but était de déstabiliser le pays». Concernant le mois de Ramadhan, M. Tebboune a mis en garde contre ceux qui exploitent son avènement pour la spéculation sur les prix. Pour ce qui est du marché parallèle, le Président a estimé que le montant des fonds en circulation oscillerait entre 6 000 et 10 000 milliards de DA, soulignant que des mesures ont été adoptées pour drainer une partie de cet argent. Affirmant que le lancement et la généralisation de la finance islamique et l’émission de titres sont à même de donner des résultats «positifs», M. Tebboune a fait état de la récupération de quelque 100 milliards de centimes en un seul mois. Par ailleurs, M. Tebboune rassure que l’Algérie parviendra, pendant l’année en cours ou au plus tard l’année prochaine, à un équilibre de sa balance des paiements, grâce à la politique de maîtrise des importations et de l’encouragement des exportations hors-hydrocarbures. D’ailleurs, dira-t-il, l’Algérie a réussi, l’année dernière, à réduire les importations de 10 milliards USD par rapport à 2019, en dépit de la pandémie. Ce qui a été possible «grâce à la production, à la maîtrise de la surfacturation et à l’application d’un contrôle plus sérieux de certains services». Pour l’année en cours, M. Tebboune a fait état de la possibilité d’épargner 800 millions USD à 1 milliard USD dans les importations des médicaments, grâce à l’industrie pharmaceutique locale, ainsi que 500 millions USD qui seront épargnés dans les importations du blé qui ne dépasseront pas 400 ou 500 millions USD. Au chapitre exportations hors-hydrocarbures, il a fait état de l’exportation de 400 millions USD de médicaments courant 2021. «Si nous parvenons à 4 Mds USD d’exportations hors-hydrocarbures, nous en serons heureux, car pendant les 25 dernières années, nous ne dépassions pas 2 mds USD».
Automobile : le dossier sera réglé durant ce semestre
Interrogé sur le taux d’avancement du plan de relance économique, il a indiqué que «la relance a commencé dans plusieurs secteurs», dont la filière du montage qui sera reconstruite «sur de nouvelles bases», outre l’agriculture dont la production dépassera 25 mds de dollars ainsi que les secteurs des petites et moyennes entreprises et les start-ups. Selon le Président Tebboune, le dossier des véhicules sera réglé durant le semestre en cours, et que l’Algérie passera vers une nouvelle expérience reposant sur «le véritable montage» automobile. Cependant, ajoute-t-il, «si le montage automobile n’aboutit pas, d’ici 3 ou 4 ans conformément au cahier des charges, à la réalisation d’une intégration d’au moins 40 %, à la création de postes d’emploi et à la fabrication de pièces algériennes, il n’y aura pas de montage automobile». Pour ce qui est des fonds détournés vers l’étranger, l’orateur indique que leur récupération est tributaire par le prononcé de jugements définitifs dans les affaires intentées à l’encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, «devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds». La plupart des jugements rendus dans ce cadre ne sont pas définitifs, certains font l’objet de pourvois au niveau de la Cour suprême, a-t-il précisé. «Les premiers contacts avec ces pays nous ont permis de percevoir une disposition à nous aider dans cette démarche», a ajouté le Président Tebboune. «Vous n’êtes pas sans savoir que pour ce qui s’est passé, des sociétés européennes sont impliquées et les fonds qui ont été détournés ont été investis en Europe et non en Algérie», a-t-il affirmé.