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COMMENTAIRE & CHRONIQUE

Les bananes de la colère

Chronique écrite par : Malek Harami

Tu me demanderas mon conseil sur un créneau porteur, et je répondrai « Importe des bananes ».

Il n’y a pas un commerce qui rapporte 5 € pour un 1 comme la banane en Algérie. Même le trafic de drogue n’est pas aussi rentable.

Les bananes de la colère. Parce que la colère est là. Sourde, silencieuse, non-audible … tout ce que vous voulez. Mais elle est là.

Fruits et légumes, viandes blanches, viandes rouges, poissons, légumes secs. La cherté touche tous les produits.

Et ça dure depuis des années.

Le gouvernement semble incapable de réguler.

Alors, on tente des explications : tantôt c’est le Covid, puis la sécheresse, et le manque d’aliment de bétail…

Et la sardine qu’est ce qu’elle a ? Pourquoi elle est à 1500 DA ? Soit 11 euros le kilo ?

Après, on va se justifier : Le commerce va pointer du doigt l’agriculture qui n’aurait pas produit assez, et l’agriculture va accuser les spéculateurs.

Alors on va essayer de gérer : On va inventer des trucs : On va ouvrir trois « « points de vente » à Alger pour les viandes rouges, puis, on va s’adonner au folklore des « marchés de proximité » un peu partout. La télé va capter un retraité et une vieille dame tout contents : « les prix sont à la portée du citoyen ».

Nous, on ne dit rien.

Mais, curieusement, ce ne sont pas les pommes de terre à 120 DA (Rezig les promettaient à 60) qui ravivent les tensions, mais les bananes.

Ce fruit qui se vent partout dans le monde à moins de 1 €, est écoulé chez nous à 700 DA et plus. Soit 5 €.

Et jusque-là, nous on n’avait rien dit.

Jusqu’à ce que les services du ministère du commerce ne commencent à saisir deux cartons de banane chez un détaillant. Et 26 quintaux chez un grossiste.

L’union des commerçants intervient et lâche un communiqué pour innocenter les grossîtes, les mandataires et les détaillants. En portant de graves accusations contre les importateurs : on parle d’entente sur les prix, d’abus de situation de monopole, et de fraude fiscale.

La presse et la justice pourront nous en dire plus.

Mais en attendant, cette histoire de bananes révèle toute l’incohérence de la gouvernance Rezig – Zitouni, parce que les importateurs (qui sont-ils ? et sur quelle base ils ont été sélectionnés ?) tirent profit d’une situation de rente que leur procure le monopole et la pénurie organisée par l’ALGEX.

Et tant qu’il y a pénurie, tant qu’il y a un écart important entre l’offre et la demande, il y aura forcément, spéculation et enrichissement illicite des uns et des autres.

Ce qui nous, amène, forcément à poser la question de réformes sérieuses

Du rôle et du fonctionnement de l’ALGEX

Des critères transparents d’octroi des licences d’importations

De la traçabilité des opérations d’importation.

Mais pas que. Parce qu’il y a, aussi et surtout, des problèmes de régulation du marché national. Qui appellent des solutions sérieuses.

Ok, j’arrête

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