Les conclusions et recommandations de l’étude

Par le CNES
Intégrer dans le système national de formation, la formation et le perfectionnement des gestionnaires des aires protégées et prévoir l’ouverture de filières nouvelles pour la prise en charge des fonctions liées à l’environnement, associer en permanence le potentiel universitaire existant en charge des questions environnementales et organiser sa mise à niveau pour une plus grande efficacité en créant les espaces de concertation et d’évaluation (colloques, séminaires…), développer l’énergie solaire en tant que ressource naturelle non polluante et adaptée aux immensités territoriales du Sud, développer une politique soutenue d’information, d’éducation et de communication et d’association à la prise de décision des populations concernées, au premier chef, par la promotion de l’environnement, envisager la prise en charge pédagogique de la question de l’environnement dans le système scolaire (classes de découverte de la nature) pour favoriser l’émergence de la culture environnementale et accroître le sens civique et la prise de conscience des citoyens en la matière sont, entre autres, les recommandation de cette étude sur l’environnement.
Le financement de l’environnement
La restructuration du Fonds National de l’environnement doit viser la confection d’un outil financier, souple et actif, d’orientation et d’incitation, alimenté par des ressources plurielles et garanties. La révision de ce fonds doit s’articuler autour des mesures suivantes : dans un premier temps, rendre le fonds actif dans sa version actuelle. Dans un deuxième temps, faire évoluer le fonds vers une institution financière plus efficace de style «Caisse» à même d’intervenir dans le monde économique. Cette institution, dont la nature juridique reste à définir, aurait des ressources qui proviendraient : d’une taxe sur la pollution à créer aux lieu et place de la précédente basée sur une étude sur les instruments économiques, conformément au Principe du Pollueur Payeur et indexée sur l’inflation ; du produit des amendes réactualisables; de dons et de legs; d’emprunts et de lignes de crédits; de subventions gouvernementales. Cet instrument financier, doté de toute la souplesse de gestion nécessaire, pourrait, en sus des catégories des dépenses permises dans la version actuelle, opérer des prêts aux entreprises et collectivités locales à des fins d’investissements environnementaux et de réduction de la pollution.
Recommandation particulière
Instituer une distinction annuelle (prix, médaille, diplôme) à toute personne physique ou morale pour toute initiative, recherche, découverte ou action, ayant un impact significatif constituant un progrès avéré sur l’amélioration de l’environnement, et décernée par un jury qualifié sous le haut patronage du président de la République. À la lumière de tout ce qui précède, la question de l’environnement doit revêtir un caractère vital et de constante actualité en raison même de sa complexité et de sa vocation à conditionner le devenir de la Nation. Cette complexité se trouve encore accrue par le caractère indissociable qui lie les stratégies d’environnement et d’Aménagement du Territoire. La situation décrite est, certes, porteuse de risques réels si l’on n’y porte remède, mais elle recèle encore de nombreuses possibilités. Il est impératif et urgent de les exploiter au maximum, si l’on ne veut pas les voir disparaître à leur tour. En matière d’environnement, les objectifs ne sont pas réductibles aux seuls buts quantitatifs. De nombreux aspects échappent à la quantification et ne peuvent être analysés ou évalués qu’en termes qualitatifs. L’environnement est déjà considéré comme un indice de mesure du niveau de développement et de l’état de santé d’un pays. Certains maux diagnostiqués semblent sans rémission. Ils réclament une thérapie de choc et refusent toutes velléités ou mesures dilatoires. C’est pourquoi, la mise en œuvre de la politique de l’environnement dans son ensemble ne peut plus s’accommoder des schémas traditionnels antérieurs qui ont montré leurs limites. Elle requiert désormais des mesures innovantes à la hauteur des enjeux et un suivi permanent compte tenu de la pression des événements, de la montée des besoins et du gonflement des revendications. L’environnement, tel qu’il est appréhendé, invite en effet à concevoir de nouveaux modèles de gestion en adéquation avec les aspirations actuelles et futures d’une population toujours en croissance. Les problèmes de l’environnement nécessitent du souffle et de la durée. Leurs effets, non canalisés et non maîtrisés, peuvent induire à terme une désintégration sociale ou des formes de régression irrémédiables. Il devient impérieux d’encourager et de favoriser une participation active et constructive du citoyen. Cette dynamique de la participation à l’échelon local est un facteur puissant qui, outre son aspect civique, autorise le résultat rapide et sûr par l’émergence de comportements réalistes et responsables. De la sorte, la décentralisation à mettre en œuvre dans ce domaine ne doit pas consister en un simple transfert des problèmes, mais doit au contraire doter les collectivités locales de tous les moyens matériels financiers et humains qui leur permettent de faire face efficacement à l’ensemble des situations et de résoudre, là où il le faut et dès qu’il le faut, les vrais problèmes de l’environnement. L’État, en faisant moins et mieux, a le devoir d’organiser les contrôles qui s’imposent dans un cadre normatif, de sévir en cas de défaillance et de récompenser, à titre d’exemple, toute initiative entrant dans le cadre de la sauvegarde et de la promotion de l’environnement. L’ampleur de l’entreprise est telle qu’elle nécessite une mobilisation de tous les instants et de toutes les instances avec des moyens institutionnels et juridiques adaptés. N’est-il pas temps de chercher des solutions aux «urgences silencieuses» de la pauvreté, telles que la pollution des eaux, la dégradation du sol, l’état de détresse écologique, plutôt que de focaliser l’attention sur les «urgences criantes», telles que le réchauffement de la planète ou l’appauvrissement de la couche d’ozone ? N’est-il pas temps aussi de repenser les méthodes et les procédures et de promouvoir un mode opératoire pragmatique qui prenne en compte nos urgences et nos capacités réelles ? Dès lors, en agissant réellement sur les causes et non sur les effets, la protection de notre environnement deviendra, en elle-même, un investissement qui procurera à l’Etat un gain considérable en lui évitant les investissements déraisonnables et les éventuelles solutions palliatives onéreuses.