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Les conséquences de la nouvelle politique des taux

Par DJAMELEDDINE GHAÏCHA (*)

Comme  tout  autre  institut  d’émission,  la  Banque  Centrale  agit  sur  le niveau  du  taux  d’intérêt  grâce  à  la  technique  de  l’openmarket.

Le refinancement à taux fixe et différencié ne va plus constituer l’instrument de  choix  pour  la  conduite  de  la  politique  monétaire.

Cette  dernière technique va cependant survivre aux nouvelles mutations. L’ancien marché monétaire éclata en un marché où la Banque Centrale intervient en offrant des liquidités grâce à la technique de l’appel d’offres, de la prise en pension et des opérations ponctuelles à 24 heures.

Cette nouvelle logique d’intervention de la Banque Centrale va donc conférer un rôle prépondérant au taux d’intérêt du marché monétaire. Ainsi, grâce aux  interventions  de  l’institut  d’émission,  une  action  sur  le  taux  cible devra  permettre  d’influencer  le  vecteur  des  taux  sur  les  différents marchés.

Les opérations sur appel d’offres

L’appel  d’offres  est  une  opération  utilisée  par  la Banque  Centrale,  sur son  initiative,  pour  accorder  la  monnaie  aux  banques  commerciales. L’institut d’émission choisit  la périodicité de ces appels d’offres et fixe le niveau du taux d’intérêt auquel il va accorder sa monnaie. La quantité de monnaie offerte est déterminée suivant l’évolution de la liquidité bancaire (billets  de  monnaie  en  circulation,  avoirs  nets  en  devises  et  solde  du compte courant du trésor). La quantité de cette monnaie est déterminée conformément à l’évolution des facteurs  de  la  liquidité  bancaire  (billets  et monnaie  en  circulation, avoirs  nets en devises et solde du compte courant du Trésor) et de la situation des réserves des banques (fuite artificielle en monnaie banque centrale). Pour déterminer l’offre de monnaie, l’institut d’émission informe les banques de dépôt de  son intention de leur fournir des liquidités et fixe la nature des titres et leur échéance. Les banques soumettent des propositions, annoncent les montants qu’elles désirent se procurer et les taux  qu’elles  sont  disposées  à  payer  à  la  Banque  Centrale  .  Cette dernière  procède  au  dépouillement  des  demandes  pour  les  classer suivant les montants et les taux, dans un ordre décroissant.   Les banques qui ne peuvent pas s’approvisionner sur le compartiment interbancaire  ou  par  l’appel  d’offres,  disposent  d’une  autre  possibilité qui est la prise en pension . Pour  ce type d’opération le taux  pratiqué reste supérieur à celui du marché interbancaire . 

Les autres interventions sur le marché monétaire

A partir  de  1995,  la  Banque  Centrale  s’autorisa  d’emprunter  ou d’épargner des liquidités par le lancement d’adjudication. Cette nouvelle technique  est  associée  aux  opérations  ponctuelles  d’injection  ou  de reprise de liquidités et se fait dans les conditions habituelles du marché. L’objectif  de  ce  type  d’opération  et  de  permettre    le  lissage  du  taux d’intérêt  sur  le  compartiment  interbancaire.  Autrement  dit,  cette technique est un moyen utilisé par la Banque Centrale pour maintenir  le taux d’intérêt dans un intervalle dont la borne minimale est égale au taux de  l’appel  d’offre  et  la  borne  maximale  est  égale  au  taux  de  prise  en pension . Quant  au taux  du marché monétaire,  il  est  librement  déterminé   sur  le compartiment  interbancaire  où  les  échanges  de  liquidité  entre  les banques  s’effectuent  dans  le  cadre  des  lignes  de  crédit  qu’elles s’accordent  mutuellement.  Le  rôle  de  la  Banque  Centrale  consiste  à maintenir ce taux dans les bornes délimitées grâce à ces interventions courantes. Par  ce procédé, elle agit directement sur les taux indexés et indirectement  sur  les  autres  taux.  L’introduction  des  bons  de  trésor, devait  faciliter  cette  opération  de  lissage  des  taux  du  marché  et permettre à l’institut d’émission de traiter avec différents opérateurs aux taux habituels du marché. Comme  il  a  été  exposé  dans  les  deux  premières  parties,  la  Banque Centrale  s’est  efforcée  de  remplacer  la  politique  d’administration  des taux par des techniques de gestion indirectes sur le marché monétaire réorganisé. Elle exposa son intention de fixer le taux d’intérêt de l’appel d’offres (le taux minimal sur le marché monétaire) suivant les conditions du  compartiment  interbancaire,  de  l’indice  général  des  prix  à  la consommation  et  des  autres  objectifs  retenus  pour  la  conduite  de  la politique  monétaire  (évolution  de  la  masse  monétaire  et    du  crédit).  Cette politique consiste à observer la variation de la masse monétaire et d’ajuster  tout  dérapage  par  la  manipulation  du  taux  d’appel  d’offres. L’augmentation du taux d’intérêt réduit le volume des investissements, du produit brut et de la création de la monnaie scripturale. L’observation du comportement  de  l’institut  d’émission  confirme  ce  point  de  vue.  Les augmentations  successives  du  taux  de  l’appel  d’offres  entre  1991  et  1995 ont  été  justifiées  par  les  variations  rapides  des  agrégats monétaires pendant cette période.     Consciente que la capacité à relever continuellement le taux d’intérêt est limitée,  la  Banque  Centrale  va  faire  appel  à  d’autres  techniques d’accompagnement:  la  réactivation  de  la  politique  des  réserves obligatoires et le rationnement de sa monnaie. 

LA FINANCIALISATION DE L’ECONOMIE

Le  ratio  de  liquidité  de  l’économie  accuse  une  tendance  à  la  baisse, il décroît pendant toute la période considérée, sauf pour l’année  1993.  Il  rend  compte  d’une  meilleure  maîtrise  du  taux  de progression  de  l’ensemble  des moyens  de  paiement  par  les  autorités monétaires.  A  titre  de  comparaison  le  taux  de  liquidité  moyen  de l’économie tunisienne est de 45%. Le   rapport  monnaie   scripturale   sur   l’ensemble   des  moyens   de  paiement    dans  une    économie  rend  compte  du  degré  de scripturalisation de cette dernière. Il traduit la préférence du public pour la monnaie  banque  centrale.  La  comparaison  avec  la  Tunisie  indique que le degré de scripturalisation moyen de l’économie tunisienne est de 60%.

Le  ratio  de  scripturalisation  de  l’économie  accuse  une  tendance  à  la hausse,  il  décroît  en  1992  et  1994,  et  rend  compte  d’une  plus  grande préférence du public pour la monnaie banque  centrale,  ce qui  traduit  une amélioration de la financialisation de l’économie, soit un glissement des dépôts du plus court au plus long terme. L’économie tunisienne, quant à elle,  présente un  taux  de 44% 3.2.  LA  RESTRUCTURATION  DES  RESSOURCES  DES BANQUES DE DEPOTS. Le  processus  d’innovation  financière  encouragé  par  les  autorités publiques va se solder  par un changement qualitatif de la structure des dépôts  Quasi–monétaires  des  banques  commerciales  (soit  la consolidation  des  ressources  du  système  bancaire).  Cette  innovation sera le résultat de l’effet conjugué de la nouvelle politique des réserves obligatoires et de l’adoption par les banques des nouvelles décisions de la  Banque  Centrale.  L’analyse  de  l’évolution  des  dépôts  Quasi– monétaires  du  système  bancaire  montre  que  ces  ressources  moins exigibles passent de 72,5 milliards de dinars en 1990 à 328.2 milliards de  dinars  en  1996. 

Elle est appelée désintermédiation financière . Elle est assimilée dans notre travail  à l’augmentation de l’encours des bons de trésor émis  à partir  du  mois  d’octobre  1995.  Ces  bons  qui  se  substituent  aux  bons d’équipement  ont  été  encouragés  par  les  banques.  Cependant,  le lancement des premières opérations d’adjudication des bons du trésor en compte courant s’est opéré sans la désignation des spécialistes en valeur  du  trésor  (S.V.T)  qui  se  présentent  comme  contrepartie,  mais avec  la  présence  physique  de  l’ensemble  des  intervenants soumissionnaires au marché monétaire.

La  nouvelle  politique  de  détermination  des taux  d’intérêt  a  permis  aux autorités monétaires d’atteindre un certain nombre d’objectifs:  une consolidation des ressources du système bancaire et une meilleure financialisation de l’économie,   une  amélioration  relative  de  la  finance  directe  suite essentiellement à la création de nouveaux actifs financiers à caractère monétaire.   les  bons  de trésor  ont  contribué  à  la  diversification  et  la  modernisation du financement du budget de l’Etat .   le  niveau  des  prix  de  consommation  devient  une  variable déterminante dans la fixation du taux d’appel d’offres . La  Banque  Centrale  conserve  l’autorité  du  marché  monétaire  par  son pouvoir  discrétionnaire  d’intervention.  Elle  peut  graduellement  se désister de sa fonction d’intermédiaire obligé au profit d’intermédiaires agrées. En plus du pouvoir discrétionnaire dont elle dispose pour fixer les  taux  d’intérêt,  la  Banque  Centrale  peut  influencer  ces  derniers  en fixant les conditions et les volumes auxquels les intervenants au marché peuvent  recourir.  De  même  qu’elle  peut  intervenir  directement  sur  le marché.  Cependant,  cette  libéralisation  des  taux  d’intérêt  et  de  la  politique monétaire  doit  s’élargir  à  de  nouveau  intervenants  sur  le  marché monétaire. De nouvelles innovations financières concernant les  produits et les segments de marché (certificats de dépôts négociables, billets de trésorerie, S.I.C.A.V, F.C.I,…etc.) doivent être développés.

Maître assistant à la Faculté des Sciences Economiques, Sciences de Gestion et Sciences Commerciales, décédé avec sa petite fille  dans un accident de la route en août 1999. (Source Cread)

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