Les mises en garde d’un expert

Recul de réserves de changes, hausse des importations …
Le recul du déficit commercial annoncé durant ce premier semestre 2018 est dû aux recettes de Sonatrach et non à la baisse des importations. En effet, selon l’expert économique, Abderrahmane Mebtoul, le déficit commercial de l’Algérie au 1er semestre de l’année en cours, s’est chiffré à 2,956 milliards de dollars contre un déficit de 5,657 milliards durant la même période de 2017, soit un recul du déficit de 47,75%.
En se basant sur les chiffres officiels du Cnis, le Dr Mebtoul a précisé que les exportations de l’Algérie entre janvier et fin juin 2018, ont augmenté à 19,828 milliards (mds) de dollars contre 17,616 mds sur la même période de 2017, soit une hausse de 2,21 mds (+12,56%).
Pour les importations, elles sont estimées à 22,784 mds de dollars contre 23,273 mds à la même période de l’année écoulée, soit une diminution de 489 millions de dollars (-2,1%). Les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 87% contre 76% à la même période de l’année précédente.
Au même rythme annuel, les exportations devraient tendre fin 2018 vers 38/39 milliards de dollars.Les importations devraient tendre vers 45 milliards de dollars fin 2018, «donc une baisse dérisoire restant presque au même niveau qu’en 2017», auquel il faudrait ajouter les services (9/10 milliards de dollars) et les transferts légaux de capitaux donnant une sortie de devises solde brut entre 57/58 milliards de dollars et un solde net tenant compte des exportations et entrées de devises de services légaux ( 2/3 milliards de dollars ) entre 15/16 milliards.
«Si l’on soustrait aux réserves de change fin 2017 97 milliards de dollars cela donnerait 81/82 milliards de dollars de réserves de change fin 2018, ce montant dépendant essentiellement à la hausse ou à la baisse des recettes d’hydrocarbures, la réduction du déficit commercial de ce premier semestre 2018 étant due à 98-99% aux recettes d’hydrocarbures», a-t-il souligné dans son analyse, dont nous détenons une copie.Selon le FMI dans son rapport de juillet 2018, en 2022, les réserves de change permettront moins de 5 mois d’importation et en 2023 estimées à 12 milliards de dollars avec moins de 3 mois d’importation.
«A ce niveau, le réserves de change tenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d’inflation entre 300/400 dinars un euro.
Mais beaucoup plus si le taux d’inflation dépasse les 20/30%», a alerté M. Mebtoul. et d’ajouter : «En cas d’hyperinflation de plus de 100%, nous nous retrouverons dans le scénario vénézuélien où le dinar officielfluctuerait entre 1000% l’euro et sur le marché parallèle à plus de 2000% du fait d’une masse monétaire excédentaire en circulation ne correspondant pas au niveau de production locale».Pour relever les défis futurs, M. Mebtoul a estimé nécessaire de se projeter sur l’avenir, loin de tout populisme dévastateur, tout en adoptant une nouvelle gouvernance.
Il a, dans ce cadre, suggéré une grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle.«Avec un baril entre 60/70 dollars, l’Algérie peut s’en sortir. Elle possède des atouts : l’endettement est faible, 20% du PIB et la dette extérieure de 2,5% du PIB. Mais attention, en cas de non changement de la politique socio-économique, donc de gouvernance, le scénario dramatique du FMI 2022, ce qu’aucun Algérien ne souhaite, est plausible avec des incidences économiques, sociales, politiques et géostratégiques, sauf miracle d’un cours du pétrole à plus de 100 dollars», a-t-il mis en garde.