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Les profondes mutations de la société

A la lumière de l’expérience acquise en matière de réflexion sur le développement humain et au regard des évolutions des rapports entre les nations dans le cadre de la mondialisation, trois critiques complémentaires peuvent être formulées. La première concerne l’aspect opérationnel du traitement réservé par le PNUD aux rapports nationaux. L’insuffisante coordination et l’absence de concordance de calendrier entre la production des rapports nationaux et la publication du rapport mondial annuel sur le développement humain amènent à s’interroger sur les conditions et modalités d’exploitation des données et analyses nationales. La seconde remarque concerne les aménagements introduits périodiquement dans les modalités de calcul des différents indices de développement humains, lesquels ne font l’objet d’aucune concertation avec les pays qui produisent un rapport national, et auxquels l’information n’est donnée qu’a posteriori. 

Ainsi, le rapport mondial de l’année 1999 fait état de modifications introduites dans les méthodes de calcul de l’IDH, qui affectent tant sa valeur que le classement des pays. Enfin, dans un contexte de mondialisation dont l’un des principaux effets pervers est l’accroissement de la pauvreté et des inégalités, la mesure de l’IDH et des indices dérivés devrait tenir compte des impacts des politiques publiques des pays développés non seulement sur leurs propres populations, mais également sur celles des pays en voie de développement et plus généralement sur le développement durable de la planète. 

Ceci reviendrait à pondérer les résultats des pays les plus riches, en fonction des efforts réellement accomplis pour mettre en œuvre, dans les relations internationales, les principes de développement humain, de développement durable, de réduction des inégalités, de démocratie et de bonne gouvernance. En Algérie, depuis la publication du premier rapport, la question du développement humain a connu des avancées substantielles et la promotion du développement humain figure comme priorité au registre des préoccupations des plus hautes instances du pays. Les profondes mutations de la société, la poursuite du processus de réformes engagées aux plans politique, économique et institutionnel, posent avec davantage d’acuité la nécessité de prolonger la réflexion sur les déterminants du développement humain.

Le rythme des réformes économiques et l’accélération des processus de transformation de la société qui en est résulté n’a pas toujours favorisé la mise en place simultanée de modèles alternatifs permettant de maintenir les niveaux de couverture des besoins, tout en réformant les structures et les modes de gestion. Les différents indicateurs du développement humain en sont affectés, quoique de manière inégale. Il est donc apparu nécessaire d’orienter la réflexion vers l’adaptation des politiques publiques aux contraintes de la phase de transition vers l’économie de marché, avec comme toile de fond, la mise en cohérence du développement économique et du développement social, qui a constitué la ligne directrice et la préoccupation permanente des politiques publiques durant les trois premières décennies de l’indépendance du pays. C’est à cet objectif que tente de répondre ce rapport, dont la thématique centrale est : « la question de la politique sociale dans la transition vers l’économie de marché et les effets de l’ajustement structurel sur la sphère sociale et sur le niveau de développement humain. » Le CNES tient à adresser ses remerciements à l’ensemble des ministères et institutions nationales sollicités pour avoir apporté leur entière collaboration lors des travaux d’élaboration de ce rapport . La liste des personnes ayant participé au titre du CNES et à celui des différentes administrations est donnée en annexe. Le Conseil National Economique et Social, qui avait hautement apprécié l’esprit de coopération du Bureau du PNUD à Alger lors de l’élaboration du premier rapport, aurait souhaité pouvoir bénéficier du même soutien pour la production du présent document.

Le premier rapport sur le développement humain publié par l’Algérie en 1999 mettait l’accent sur les avancées substantielles enregistrées dans le développement humain et la lutte contre les inégalités sociales, durant trois décennies, résultats de politiques publiques volontaristes, à fort contenu social. Le rapport relevait, néanmoins, la persistance de fortes disparités dans la couverture des besoins de la population selon la zone d’habitat (urbain, rural) malgré les programmes de développement initiés en faveur des campagnes. Il notait par ailleurs des disparités entre hommes et femmes, bien que les dispositions constitutionnelles visent l’élimination de toute discrimination fondée sur le sexe. Elaboré au cours de la dernière année de la période d’ajustement structurel, le rapport posait, en introduction, la problématique du développement humain dans un contexte de transition et de fortes contraintes, dans les termes suivants : « La problématique du développement humain en Algérie est actuellement celle du maintien des niveaux de couverture des besoins sociaux, en ayant à l’esprit une triple contrainte : ∙ La réduction des ressources, induite notamment par la diminution des recettes d’exportation, phénomène qui tend à s’inscrire dans la durée, ∙ La mise en œuvre des réformes économiques dans le cadre de la transition vers l’économie de marché, ∙ La gestion de la dette extérieure. Ces trois contraintes risquent d’entraîner la remise en cause des fondements mêmes des politiques publiques, des systèmes d’allocation des ressources, et de fragiliser les dispositifs de prise en charge des besoins sociaux du fait du désengagement graduel de l’Etat de la gestion directe et de ses effets sur la sphère sociale. »

Il est en effet reconnu que l’ajustement est une démarche qui privilégie le rétablissement des grands équilibres économiques et financiers et la séparation de l’économique (production) et du social (répartition). Il inscrit de ce fait les sociétés qui le mettent en œuvre, dans une perpective de transition.

 Cette dernière, relève d’un processus dont on connaît toujours le point de départ, mais jamais avec précision le point d’aboutissement, étant donnée la récurrence des phénomènes. Dès lors, l’exigence d’une approche globale, visant à une meilleure cohérence entre l’objectif de croissance économique et une politique sociale adaptée s’impose, car il est de la plus grande importance de ne pas réduire les deux champs que sont l’économique et le social à une relation mécanique entre une variable déterminante et indépendante et une variable déterminée qui serait en l’occurrence le social. L’expérience montre que les interactions sont nombreuses et très fortes. L’économique peut créer des tensions sociales, lesquelles l’influencent à leur tour. Cette relation d’impact réciproque entre les divers éléments qui composent chacun des deux ensembles, à laquelle s’ajoute celle de leur intersection, est le fondement même d’un développement à la fois économique et social. La connaissance de ce processus dans ses spécificités propres à notre pays est nécessaire à la maîtrise du développement. Au cours de l’année 1998, l’Algérie a achevé l’exécution de son accord avec le FMI. Les évaluations qui en ont été faites montrent que des résultats positifs ont été enregistrés dans le rétablissement des équilibres macro-économiques, que l’inflation a été ramenée à 5% et que les réserves de change étaient supérieures à neuf mois d’importation en fin de période d’ajustement. La régulation de l’économie s’effectue de plus en plus par les règles de l’économie de marché où le secteur privé est encouragé à jouer un rôle prépondérant. Ces résultats n’ont toutefois pas permis d’atteindre les objectifs attendus de l’ajustement structurel en matière de croissance et d’emploi amplifiant ainsi le volume du chômage.

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