Les réformes du cadre juridique renforcent l’attractivité de la finance islamique
Les récentes réformes juridiques dans le secteur de la finance islamique en Algérie promettent de rendre les financements conformes aux principes de la charia plus compétitifs au sein du système bancaire national. Selon les acteurs du secteur, ces évolutions législatives devraient contribuer à faire disparaître progressivement les contraintes qui freinaient jusqu’ici le développement de cette activité bancaire.
Parmi les mesures les plus significatives figure le décret du 13 juillet dernier, portant sur la bonification des taux d’intérêt et des marges bénéficiaires des prêts immobiliers octroyés par les banques et établissements financiers. Ce décret précise les modalités de ces bonifications dans le cadre des opérations de financement islamique destinées à l’acquisition ou à la construction de logements, notamment dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux.
Ce texte offre aux emprunteurs optant pour un financement islamique une réduction sur la marge bénéficiaire appliquée, allant jusqu’à 5 % pour les revenus situés entre une et six fois le Salaire Minimum National Garanti (SNMG), et de 3 % pour les revenus entre six et douze fois le SNMG. Par conséquent, les clients pourraient voir la marge bénéficiaire sur leurs prêts immobiliers réduite à 1 % ou 3 %, selon leur niveau de revenu.
Mohamed Boudjellal, membre du Haut Conseil Islamique (HCI) et expert en finance islamique, a salué ce décret comme une avancée majeure qui permettra d’élargir l’accès aux financements islamiques et de renforcer la compétitivité de ces produits sur le marché. Il a également souligné que cette mesure rapproche la finance islamique des avantages traditionnellement accordés à la finance classique, tout en ouvrant la voie à de nouvelles initiatives pour soutenir les investisseurs dans divers secteurs économiques.
Sofiane Mazari, chef du département de finance islamique au Crédit Populaire Algérien (CPA), a pour sa part estimé que ce décret marque un tournant pour le secteur, en permettant de surmonter une des principales barrières à sa croissance : l’absence de soutien du Trésor public, qui rendait les financements islamiques plus coûteux pour les clients.
Le décret devrait ainsi contribuer à réduire les coûts des prêts immobiliers islamiques, facilitant l’accès à la propriété pour un plus grand nombre d’Algériens. Une simulation effectuée par le CPA montre que, grâce à ces nouvelles dispositions, les mensualités d’un prêt pour l’achat d’un appartement de 8 millions de DA pourraient passer de 43 000 DA à 23 000 DA, si le bénéficiaire remplit les conditions de la bonification.
De même, la Banque de Développement Local (BDL) prévoit une augmentation significative de la part de la finance islamique dans le secteur immobilier grâce à ce décret. Une simulation d’un prêt pour l’acquisition d’un appartement à 8 millions de DA montre que le montant de la marge bénéficiaire pourrait être réduit de 4 millions DA à 935 000 DA après l’application du décret.
Ces avancées montrent clairement la volonté des autorités de promouvoir la finance islamique en Algérie, en l’alignant progressivement sur les conditions avantageuses déjà offertes par la finance conventionnelle. Les prêts islamiques concernent principalement les formules de Murabaha, Ijara et Istisna, avec des marges bénéficiaires désormais encadrées par ce nouveau cadre législatif.