Les réformes économiques seront douloureuses

Des experts et économistes préviennent
Redresser la barre de l’économie nationale nécessite l’engagement des réformes économiques profondes et qui seront parfois même «douloureuses» pour les Algériens. Pour certains experts financiers et chefs d’entreprise, l’heure de l’austérité a sonné.
En effet, le futur président sera en position de dos au mur, notamment avec l’instabilité des prix du pétrole, l’unique source en devise pour le pays et également devant le recul drastique des réserves de change, moins de 80 milliards de dollars. Ces dernières devraient s’épuiser d’ici trois ans, avec le rythme des importations actuel, avoisinant les 40 milliards de dollars annuellement.
Pour Slim Athamani, chef d’entreprise et président du Care, «la situation économique du pays est calamiteuse». Pour lui, sortir de ce marasme nécessite un dialogue franc avec les citoyens afin de s’entendre sur le modèle économique à entreprendre et trouver des solutions «miracle». «Il va y falloir expliquer toutes les solutions possibles pour moins de sacrifice du citoyen», a-t-il affirmé lors de son passage sur un plateau de TV public.
Pour sa part, Mohamed Bouchakour, professeur universitaire en économique, a estimé que cette période est propice pour l’engagement des réformes contenues dans le pacte de croissance économique, initié par des compétences algériennes, visant à la diversification de l’économie nationale et le faire sortir de son dépendance aux hydrocarbures.
Tout en déplorant la non mise en œuvre de ce pacte pour des raisons politiques, de son côté l’expert financier Omar Barkouk dira que «l’Algérie est en situation de faillite économique financière au niveau de gestion de ses équilibres budgétaires». Actuellement, si l’économie est toujours en marche, ajoute-t-il, c’est grâce au financement non conventionnel. «Nous ne sommes pas en récession, parce que la planche à billets a masqué tout, mais c’est le futur qui est inquiétant. Si on continue avec les mêmes pratiques, on se retrouvera dos au mur. Pour cela, il est plus que nécessaire d’engager des réformes économiques, tout en s’attaquant aux problèmes de fond», a-t-il prédit, avant de signaler que «30% de la planche à billets a été utilisée pour le paiement de dettes de la Sonatrach et Sonelgaz des années précédentes».
L’universitaire Mohamed Bouchakour a plaidé, par ailleurs, pour l’application du pacte économique de croissance, notamment le volet de diversification et rigueur budgétaire. « Il faut avoir le courage pour l’application de ce pacte afin de remonter la pente. Le futur président doit prendre des mesures très concrètes et envoyer des signaux pour les citoyens d’une façon qu’ils adhérent et d’accepter l’austérité».
Afin de gagner la confiance des citoyens qui demandent le départ du régime en place, M. Bouchakour réclame l’ouverture d’enquête sur le sort de l’argent public, notamment sur les crédits bancaires octroyés à un groupe d’hommes d’affaires, non encore remboursés, estimés à 250 milliards de dollars.
Le groupe de réflexion «Nabni» a estimé qu’en plus des revendications politiques sur lesquelles la société civile doit peser de tout son poids pour que réussisse la transition démocratique, l’opinion publique est alertée sur le risque de faillite vers lequel le pays se dirige à grands pas.
À cet effet, les initiateurs de cette contribution sur les moyens de sortie de crise ont appelé à la prise des mesures immédiates de transparence des comptes publics et d’accès continu des citoyens à l’information financière publique. Ils estiment que «la survie économique de l’Algérie se joue aujourd’hui. Dans ce contexte, penser la transition politique ne peut pas se faire indépendamment de la situation économique». La réflexion met l’accent, en particulier, sur la «transparence financière, dans le cadre du thème «Transparence de l’Etat, du droit de regard citoyen et de son accès à l’information», et met en garde contre les menaces qui pèsent encore sur l’économie du pays.